Écrire Hausse des attaques visant des militants et des journalistes

Les autorités nicaraguayennes continuent de s’en prendre à des journalistes et à des militants et organisations défendant les droits humains. Les récentes attaques à l’encontre de la liberté d’expression et d’association témoignent d’une stratégie permanente visant à faire taire les voix dissidentes.

Plusieurs membres du personnel de la chaîne d’information indépendante 100% Noticias, dont son directeur Miguel Mora, ont été menacés de mort, harcelés et persécutés sur Internet et ailleurs par les autorités nicaraguayennes et des sympathisants du gouvernement. À six reprises au moins ces derniers mois, des policiers ont intercepté des collaborateurs de 100% Noticias à des postes de contrôle situés à Managua (la capitale) et dans les alentours. Le 30 novembre, des agents de la police nationale ont déclaré à Miguel Mora lors d’un de ces contrôles : « Arrête de déconner ou on s’en prendra à toi et ta famille [...]. Si tu continues de diffuser les informations sur ta chaîne, tu sais ce qui t’attend. » Après ces menaces, le 3 décembre, des médias progouvernementaux ont publié un article accusant Miguel Mora d’« incitation à la violence » sur sa chaîne.

Miguel Mora n’a pas reçu de notification du parquet l’informant de poursuites engagées contre lui. La Commission interaméricaine des droits de l’homme (CIDH) et le Centre nicaraguayen des droits humains (CENIDH) ont condamné ces attaques, en les qualifiant d’actes d’intimidation et de harcèlement contre Miguel Mora, ses proches, les manifestants et les professionnels des médias dans leur ensemble.

Le même jour, des membres du personnel de la station de radio indépendante Radio Darío ont été la cible de manœuvres d’intimidation. Son directeur Aníbal Toruño a indiqué à Amnesty International que des agents de la police nationale étaient entrés de force sans mandat dans les locaux de la station, situés dans la ville de León (au nord-ouest de Managua). Ils ont ordonné aux collaborateurs présents sur place d’éteindre tout le matériel radiophonique, les ont menottés et ont pris leurs téléphones portables.

Quatre d’entre eux ont été placés dans des véhicules de police et menacés d’être conduits dans un centre de détention à Managua. Cependant, ils n’ont été emmenés nulle part ; ils ont été relâchés presque quatre heures après et ont récupéré leurs téléphones. Pendant ce temps, la station a été contrainte à cesser d’émettre.

Amnesty International a par ailleurs été informée que, le 28 novembre, l’Assemblée nationale du Nicaragua a approuvé un décret (pas encore publié sur Internet) annulant l’assistance juridique du Centre d’information et de conseil sur la santé, une organisation de défense des droits humains dirigée par la militante Ana Quirós. Le 18 avril, cette dernière avait été agressée par des groupes armés progouvernementaux lors d’une manifestation. Le 26 novembre, Amnesty International a annoncé qu’elle avait été arrêtée arbitrairement et expulsée du Nicaragua. Ces récentes attaques contre la liberté d’expression et d’association sont des exemples de la stratégie permanente de répression adoptée par les autorités nicaraguayennes à l’égard des journalistes et des défenseurs des droits humains.

Amnesty International a publié deux rapports exposant la stratégie de persécution et de répression adoptée par les autorités nicaraguayennes depuis le début des manifestations, le 18 avril 2018. Le 29 mai, Amnesty International a lancé le rapport intitulé Shoot to kill : Nicaragua’s strategy to repress protest, qui montre comment, en réponse aux protestations sociales d’avril et mai, le gouvernement a opté pour une stratégie de répression violente qui n’avait pas été vue depuis plusieurs années dans le pays.

Plus de 70 personnes auraient été tuées par les autorités au cours des premières semaines de manifestation. Le second rapport, intitulé Instilling terror : from lethal force to persecution in Nicaragua, a été lancé le 18 octobre, six mois après le début des protestations. Il révèle de multiples violations des droits humains commises entre le 30 mai et le 18 septembre, et présente en détail les différentes composantes de la stratégie répressive de l’État face aux manifestations.

Amnesty International pense que ces violations ont été perpétrées non seulement avec l’accord des plus hautes autorités de l’État, y compris le président et le vice-président de la République, mais également sur leurs ordres et sous leur commandement dans de nombreux cas.
Le 18 avril, la militante des droits humains Ana Quirós a été agressée par des groupes armés progouvernementaux lors d’une manifestation. Amnesty International a signalé cet événement dans le rapport Shoot to kill : Nicaragua’s strategy to repress protest.

Le 26 novembre, Amnesty International a annoncé qu’Ana Quirós avait été arrêtée arbitrairement, emmenée à la prison d’El Chipote, conduite jusqu’à la frontière du Costa Rica avec un ordre d’expulsion, puis expulsée du Nicaragua. Elle possède la nationalité nicaraguayenne depuis 21 ans à la suite de sa naturalisation.

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