Depuis 2015, Amnesty International a recueilli des informations faisant état d’un certain nombre de cas d’arrestations de membres de la communauté bahaïe du Yémen par le groupe armé des Houthis, notamment les cas décrits ci-après. Les Houthis, principalement issus de la minorité chiite zaïdite installée dans le nord du pays, ont pris le contrôle de plusieurs postes de l’armée et des forces de sécurité à Sanaa en septembre 2014. À la fin de la troisième semaine de janvier 2015, ils avaient attaqué des positions militaires, la résidence présidentielle et des bâtiments gouvernementaux. Le président Abd Rabbu Mansour Hadi et son gouvernement ont alors démissionné, laissant les Houthis prendre de fait le po
Le 10 août 2016, Keyvan Qadari et 64 personnes ont été arrêtés par des agents armés et cagoulés du Bureau national de sécurité (NSB), qui travaille main dans la main avec les autorités houthies. Les agents ont fait irruption dans un atelier de jeunes bahaïs à Sanaa. Ils ont appréhendé 65 personnes, dont six mineurs, sans mandat d’arrêt. Le même jour, deux autres membres de la communauté bahaïe au Yémen, Nadim al Sakkaf et Nader al Sakkaf, ont été convoqués au NSB, puis ont été arrêtés et placés en détention, ce qui porte à 67 le nombre de détenus. Au nombre des personnes interpellées ce jour-là figuraient Ruhiyeh Thabet, l’épouse de Nadim al Sakkaf, et Nafha Sanai, l’épouse de Nader al Sakkaf. Ruhiyeh Thabet a été remise en liberté le 6 septembre 2016, après avoir dû signer un document dans lequel elle s’engageait à « ne pas participer à quelque activité sociale que ce soit inspirée par les Bahaïs ».
Nafha Sanai a été libérée le 21 août 2016, après avoir été contrainte de signer un document dans lequel elle s’engageait à « ne pas participer à quelque activité bahaïe que ce soit et à pratiquer sa religion à la maison ». Nadim al Sakkaf et Nader al Sakkaf (voir l’AU 266/16, https://www.amnesty.org/fr/documents/mde31/5191/2016/fr/) ont été détenus arbitrairement durant près de quatre mois avant d’être libérés sans inculpation, le 27 novembre 2016. Toutes les personnes arrêtées le 10 août ont été relâchées par la suite, à l’exception de Keyvan Qadari.
Nadim al Sakkaf et son frère Nader al Sakkaf avaient déjà été arrêtés à deux reprises. En mars 2015, les deux hommes avaient été appréhendés par les autorités houthies et interrogés sur leur religion et sur d’autres membres de la communauté bahaïe. Ils avaient été remis en liberté sans inculpation le surlendemain. Le 11 janvier 2017, Nader al Sakkaf et son beau-père Heshmat Alah Sarvestani ont été arrêtés de manière arbitraire dans la ville d’Aden, dans le sud du pays, par le gouvernement du président Abd Rabbu Mansour Hadi, reconnu par la communauté internationale (voir l’AU 17/17 https://www.amnesty.org/fr/documents/mde31/5519/2017/fr/).
L’arrestation de Nadim al Sakkaf et de son beau-père Heshmat Alah Sarvestani est toutefois une première, car Amnesty International n’avait jamais recensé d’arrestation de membres de la confession bahaïe par le gouvernement internationalement reconnu du président Abd Rabbu Mansour Hadi.
Keyvan Qadari avait déjà été arrêté le 20 juin 2008 et maintenu en détention par les autorités yéménites pendant une période de quatre mois, au cours de laquelle il a été exposé à un risque de renvoi forcé en Iran. Il a été détenu au secret pendant 40 jours et remis en liberté sans condition et sans inculpation le 23 octobre 2008, avant d’être arrêté de nouveau le 10 août 2016.
Amnesty International a obtenu et examiné une copie de l’ordre de remise en liberté concernant Keyvan Qadari, délivré par le bureau du procureur général le 17 janvier 2017. Cette décision doit encore être mise en œuvre par les autorités pénitentiaires de l’Organisation de sécurité politique.