Le 12 mars 2020, face à la pandémie de COVID-19, le président Alberto Fernández a déclaré l’« urgence sanitaire » dans le pays en vertu de la Loi 27.541. Une semaine plus tard, le 19 mars, il a ordonné le confinement obligatoire pour l’ensemble des habitant·e·s du pays, conformément au décret n° 297/2020.
Des mesures restreignant le droit de circuler librement et le droit de réunion (distanciation sociale et confinement obligatoire) ont été appliquées de manière stricte. Amnesty International a confirmé l’existence de plus de 20 cas de recours illégal à la force contre des personnes n’ayant semble-t-il pas respecté les mesures gouvernementales visant à limiter la propagation du COVID-19.
Après la disparition de Facundo Astudillo Castro, une demande visant à déterminer où il se trouvait a été déposée auprès des autorités à Villarino. Le 2 juillet, après plus de deux mois d’enquêtes infructueuses, d’irrégularités et de déclarations contradictoires de la part de la police, la famille - épaulée par les avocats Luciano Peretto Ithurralde et Leandro Aparicio – a déposé une plainte auprès de la justice fédérale afin que cette disparition forcée donne lieu à des recherches.
Quatre membres de la police de la province de Buenos Aires sont soupçonnés après que diverses contradictions ont été relevées dans les déclarations qu’ils ont faites à des enquêteurs. L’un d’entre eux a affirmé que Facundo Astudillo Castro était parti dans un camion après avoir été intercepté par les policiers, avant de modifier sa version pour dire que le jeune homme était parti à pied. Trois témoignages indiquent cependant que le jeune homme est monté à bord d’un véhicule de police.
Le 1er août, la Commission interaméricaine des droits de l’homme a pris des mesures conservatoires exigeant de l’État argentin qu’il prenne les dispositions nécessaires pour déterminer ce qu’il était advenu de Facundo Astudillo Castro et le lieu où se trouvait, afin de protéger ses droits à la vie et à l’intégrité personnelle et de veiller à ce que des recherches efficaces soient menées par ses mécanismes spécialisés.
Le 16 août, après plus de quatre mois sans informations sur son sort, et malgré l’introduction de plusieurs mesures visant à retrouver Facundo Astudillo Castro, notamment des battues le long de la Route nationale n° 3, des analyses effectuées dans deux véhicules de police à la recherche de « possibles taches de sang », et l’audition de témoins, des pêcheurs locaux ont découvert un corps non identifié dans la zone de Cabeza de Buey. Le 2 septembre, des membres de l’Equipo Argentino de Antropología Forense (EAAF), un organisme médicolégal, ont identifié le corps de Facundo Astudillo Castro.
Le 6 juillet, la Commission Provinciale pour la Mémoire (Comisión Provincial por la Memoria), un organisme public autonome et indépendant, était intervenue en tant que mécanisme local de prévention de la torture et avait présenté une demande d’action urgente au Comité sur les disparitions forcées des Nations unies, soulignant que des contradictions étaient apparues dans les témoignages des policiers impliqués dans l’opération d’arrestation et que ces policiers étaient par conséquent soupçonnés d’être impliqués dans la disparition de Facundo Astudillo Castro.
Le 10 juillet, le Comité sur les disparitions forcées des Nations unies avait appelé l’État à adopter une « stratégie complète » en vue de retrouver Facundo Astudillo Castro et à mener une enquête « immédiate et exhaustive » sur la disparition d’un jeune homme de 22 ans qui avait été vu en train d’être arrêté à un poste de contrôle de la province de Buenos Aires (Résolution 906/2020).
Selon la Convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées, on entend par disparition forcée « l’arrestation, la détention, l’enlèvement ou toute autre forme de privation de liberté par des agents de l’État ou par des personnes ou des groupes de personnes qui agissent avec l’autorisation, l’appui ou l’acquiescement de l’État, suivi du déni de la reconnaissance de la privation de liberté ou de la dissimulation du sort réservé à la personne disparue ou du lieu où elle se trouve, la soustrayant à la protection de la loi ». L’Argentine a ratifié cette convention en 2007 (Ley 26.298).