Kenneth Williams, 38 ans, doit être exécuté dans l’Arkansas le 27 avril pour un meurtre commis au cours d’une évasion de prison en 1999. Âgé de 20 ans au moment des faits, il affirme ne plus être la même personne aujourd’hui et pouvoir contribuer à la société s’il lui est permis de vivre.
En septembre 1999, Kenneth Williams a été condamné à la réclusion à perpétuité sans possibilité de libération conditionnelle pour un meurtre commis en 1998 à Pine Bluff, dans l’Arkansas. Les autorités l’ont incarcéré à la prison de Cummins Unit, dans des conditions de sécurité intermédiaires. Le 3 octobre 1999, il s’est évadé. Lors de son second procès, le surveillant a admis que deux agents pénitentiaires avaient failli à leur mission et que cela avait « permis au détenu Williams de s’échapper ». L’après-midi du jour de l’évasion, Cecil Boren a été abattu à son domicile non loin de la prison et son camion a été volé. Le véhicule a été repéré le lendemain dans le Missouri et pris en chasse par des policiers. Pendant cette course-poursuite, le conducteur d’un autre camion, Michael Greenwood, a été tué lorsque les deux camions sont entrés en collision. Les policiers ont arrêté Kenneth Williams après qu’il a pris la fuite à pied. Il a été jugé et reconnu coupable en juin 2000 de meurtre passible de la peine capitale pour l’homicide de Cecil Boren.
Au cours de l’audience consacrée à la détermination de la peine, la défense a présenté, notamment en faisant témoigner des experts en psychologie, des éléments relatifs à la jeunesse de l’accusé : son enfance marquée par une extrême pauvreté, son exposition à la violence chez lui et dans la rue, la toxicomanie de ses parents, la déficience de son éducation, ainsi que son trouble du déficit de l’attention et ses difficultés d’apprentissage. Sur le formulaire de verdict, les jurés n’ont pas indiqué avoir trouvé des circonstances atténuantes. Le juge leur a demandé de noter au moins un élément atténuant. Ils en ont finalement écrit un seul : « Kenneth D. Williams a connu des dysfonctionnements familiaux perpétués de génération en génération. » En 2007, la cour suprême de l’Arkansas a rejeté l’argument selon lequel le jury n’avait pas suffisamment pris en considération les circonstances atténuantes présentées.
Parmi les témoins de l’accusation figurait une sœur de la victime, qui a déploré que, contrairement aux jurés, elle et sa famille ne puissent « rien faire » à la situation, en demandant au jury : « Que feriez-vous si c’était votre frère ou votre sœur ou votre bébé qu’on vous avait enlevé ? Je ne peux rien faire, mais vous pouvez faire quelque chose. » L’avocat de la défense a élevé une objection, en avançant que ce témoignage relatif aux conséquences sur la famille de la victime était inadapté. Le juge a répondu qu’il était « très proche » d’être inadapté mais l’a autorisé. En 2010, une cour fédérale d’appel a statué que « dans la mesure où elle suggérait que le jury se prononce par l’affirmative et impose une condamnation à mort », le témoignage de la sœur était contraire à la Constitution. Cependant, cette juridiction a estimé que l’issue du procès n’en avait pas été changée et elle a confirmé la peine de mort.
Kenneth Williams a déposé un recours en grâce. Dans son dossier de recours, il affirme qu’il n’est « plus la personne [qu’il était] à l’époque », qu’il éprouve des remords pour sa conduite passée et que son évolution montre que « même les pires des personnes peuvent s’améliorer ». Il exprime l’espoir que « les jeunes qui lisent [ses] écrits » soient « dissuadés de prendre le même chemin que [lui] dans [sa] jeunesse ».