Écrire Huit étudiants arrêtés et portés disparus

Le 5 mai, des agents du Service national de la sûreté et du renseignement ont effectué une descente au cabinet d’un éminent avocat spécialiste des droits humains, Nabil Adib, à Khartoum et ont arrêté 10 personnes, dont huit étudiants récemment exclus (temporairement ou définitivement) de l’université de Khartoum. Deux personnes ont été libérées mais on est toujours sans nouvelles des étudiants.

Le 5 mai, des agents du Service national de la sûreté et du renseignement ont effectué une descente au cabinet de l’avocat spécialiste des droits humains Nabil Adib et arrêté Bader Aldeen Salah Mohamed (25 ans, faculté d’économie), Wifag Mohamed Altayeeb Gorashi (24 ans, faculté d’art), Hussien Yahia Haran (30 ans, faculté de science), Mudathir Tayseer Mudathir (25 ans, faculté de science), Hamid Omer Hamid Digno (28 ans, faculté d’ingénierie), Mai Adil Ibrahim Karar (24 ans, faculté d’ingénierie), Mohamed Mahjoub Otaiba (23 ans, faculté de droit) et Hassan Aldai Mohamed Abdalla (24 ans, faculté de droit). Ces huit étudiants ont été exclus – définitivement pour un et temporairement pour sept – de l’université de Khartoum à la suite des manifestations antigouvernementales organisées dans cet établissement. Ils avaient sollicité Nabil Adib pour contester leur exclusion. La secrétaire et un autre employé ont aussi été arrêtés mais ils ont été relâchés le jour même.

Le Service national de la sûreté et du renseignement a prétendu que Nabil Adib avait organisé une réunion illégale. Des agents ont frappé les étudiants, mis les locaux sens dessus dessous et saisi des documents juridiques, y compris les dossiers des étudiants, et l’ordinateur portable personnel de l’avocat. Le Service national de la sûreté et du renseignement a aussi perquisitionné au domicile de Nabil Adib sans présenter d’autorisation.

Dans une déclaration publique, Nabil Adib a indiqué : « Plusieurs hommes armés en civil ont effectué une descente à mon cabinet. Ils ont crié sur mes clients en leur demandant de s’asseoir, puis de se relever, et se sont montrés violents à leur égard. Ils se sont présentés comme des agents du Service national de la sûreté et du renseignement mais n’ont pas produit de carte professionnelle ni d’autorisation ; ils ont battu et arrêté mes clients. » Il a ajouté que l’opération avait créé un dangereux précédent qui constituait une attaque caractérisée contre les juristes et le droit à un procès équitable.

On ignore toujours ce qu’il est advenu des huit étudiants, qui risquent de subir des actes de torture et d’autres mauvais traitements.

En avril 2016, de violents affrontements ont opposé manifestants et forces de sécurité (Service national de la sûreté et du renseignement et police) pendant trois semaines à l’université de Khartoum. Ce mouvement de protestation a été déclenché par des informations selon lesquelles l’État projetait de vendre certains bâtiments de l’université. Des dizaines d’étudiants ont été arrêtés. Le Conseil des doyens de l’université de Khartoum a suspendu les enseignements pour une durée indéterminée à compter du 3 mai et exclu des étudiants (six définitivement et 11 pour deux ans). Parmi les étudiants exclus figurent plusieurs militants arrêtés et détenus en avril.

Mohamad Al Sadiq Yoyo (20 ans), étudiant à l’université Al Alhila d’Omdourman, a été abattu par des agents du Service national de la sûreté et du renseignement lors d’activités étudiantes le 27 avril. Abubakar Hassan Mohamed Taha (18 ans), étudiant à l’université du Kordofan, a aussi été abattu par des agents du Service national de la sûreté et du renseignement le 19 avril. L’homicide illégal de ces deux jeunes gens a déclenché des manifestations antigouvernementales dans les universités de tout le pays et une vague d’arrestations de grande ampleur.

Amnesty International a recueilli de nombreuses informations indiquant que le Service national de la sûreté et du renseignement et la police avaient intensifié la répression des activités des militants politiques et des étudiants.

Le Service national de la sûreté et du renseignement détient toujours des pouvoirs étendus en matière d’arrestation et de détention en vertu de la Loi de 2010 relative à la sécurité nationale, qui lui permet de maintenir des suspects en détention jusqu’à quatre mois et demi sans contrôle judiciaire, et ses membres usent de leur autorité pour procéder à des arrestations arbitraires et placer en détention des personnes, dont beaucoup se voient infliger des actes de torture et d’autres mauvais traitements. La même loi les protège de toute poursuite pour les actes commis dans l’exercice de leurs fonctions, d’où une culture généralisée de l’impunité. Les modifications de la Constitution adoptées par le Parlement le 5 janvier 2015 n’ont fait qu’aggraver la situation en conférant au Service national de la sûreté et du renseignement des pouvoirs étendus qui lui permettent de s’immiscer à sa guise dans les questions politiques, économiques et sociales.

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