Les autorités iraniennes n’ont pas encore révélé ce qu’il est advenu de Yousef Silavi, membre de la minorité arabe ahwazie porté disparu depuis novembre 2009, ni le lieu où il se trouve. Cet homme pourrait avoir été soumis à une disparition forcée et risque de subir des actes de torture et d’autres formes de mauvais traitements, voire une exécution extrajudiciaire.
Amnesty International a récemment appris que Yousef Silavi, technicien à la retraite âgé de 57 ans et membre de la minorité arabe ahwazie d’Iran, est porté disparu depuis fin 2009. Il a été vu pour la dernière fois par un ami de sa famille à son domicile, dans la ville d’Ahvaz (province du Khuzestan), aux alentours du 6 novembre 2009. Son épouse, qui se trouvait alors hors du pays puisqu’elle rendait visite à leurs deux filles qui étudiaient à l’Université de Damas, en Syrie, a signalé sa disparition à la police à son retour le 8 novembre 2009. La police a classé l’affaire en moins de six mois sans avoir véritablement enquêté. Les autorités ont continué de nier avoir officiellement arrêté Yousef Silavi, mais ses proches pensent qu’elles le détiennent en raison des restrictions et menaces dont ils font l’objet depuis sa disparition, ainsi que de déclarations faites en aparté par des fonctionnaires. Quelques jours après sa disparition, un ami qui avait signalé celle-ci à la famille de Yousef Silavi a été détenu pendant une nuit par des agents du ministère du Renseignement qui l’ont interrogé à son sujet. Ces derniers l’auraient battu et menacé, en lui disant que s’il parlait de cet épisode sa vie serait en danger. Une femme proche de la famille a par ailleurs été menacée ; un membre des pasdaran (gardiens de la révolution) lui a affirmé que, si elle n’arrêtait pas de chercher à obtenir des informations sur Yousef Silavi, elle serait placée en détention avec lui. L’épouse de Yousef Silavi s’est vu imposer des restrictions strictes sur ses déplacements et a été informée par un gardien de la révolution que le seul moyen qu’elle aurait de voir son mari serait de faire revenir leurs filles en Iran. Le fonctionnaire a affirmé que celles-ci étaient en contact avec des groupes d’opposition iraniens à Damas.
Yousef Silavi n’avait pas d’activités politiques. Cependant, son épouse est issue d’une famille arabe engagée politiquement. En outre, le cousin et beau-frère de Yousef Silavi, Mansour Silavi (décédé en 2008), était une figure importante de la communauté ahwazie car il militait pour une plus grande reconnaissance de ses droits. Il a fondé un parti politique appelé Parti de la solidarité démocratique d’Ahwaz avant de quitter l’Iran et il était surveillé par les autorités en raison de son engagement politique.