Shabbir Baloch, un leader étudiant âgé de 24 ans, pourrait avoir été soumis à une disparition forcée par les forces de sécurité lors d’une opération militaire ayant duré un jour à Gwarkop, au Baloutchistan (Pakistan). Il risque fortement d’être victime de torture et de mauvais traitements, voire d’être tué.
Shabbir Baloch, 24 ans, leader étudiant, secrétaire de l’information centrale et membre du comité central de l’Organisation des étudiants baloutches-Azaad (BSO-Azaad) a peut-être été soumis à une disparition forcée après que les forces de sécurité pakistanaises l’ont arrêté ainsi que sept autres personnes mardi 4 octobre lors d’une opération militaire ayant duré un jour à Gwarkop, au Baloutchistan. Selon les amis et la famille de Shabbir Baloch, trois de ces huit personnes (dont le jeune homme) manquent encore à l’appel et on ignore où ils se trouvent. Les deux autres sont deux hommes de 70 ans et 45 ans vivant dans la même zone, dont les noms ne sont pas encore connus.
Shabbir Baloch et son épouse étaient invités chez des amis lorsque des soldats pakistanais, en uniforme et armés, ont pénétré dans la maison et l’ont placée en état de siège entre 5 et 6 heures du matin le 4 octobre. Les soldats ont arrêté Shabbir Baloch, lui ont bandé les yeux, lié les poignets et l’ont emmené avec eux. Étant donné que les services téléphoniques et Internet étaient brouillés et déconnectés dans le secteur au moment du siège, l’épouse de Shabbir a envoyé un de leurs amis dans une zone où son téléphone portable pouvait capter un signal, afin d’informer des proches et des membres de la BSO-Azaad de sa disparition et de celle des deux autres hommes. La famille de l’homme de 70 ans s’est rendue au poste de police pour déposer une plainte au sujet des trois disparitions mais les policiers ont refusé de l’enregistrer.
La BSO-Azaad est une organisation étudiante qui est en faveur de la séparation de la province du Baloutchistan avec l’État du Pakistan. En mars 2013, le gouvernement pakistanais a décrété que cette organisation était interdite, affirmant qu’elle était « impliquée dans des actes terroristes ». Les autorités de l’État ont accusé certains membres du groupe d’avoir pris part à des homicides et d’autres crimes. Le fait que cette interdiction puisse servir à réprimer le droit des membres de s’exprimer et protester de façon légitime et pacifique sur des sujets politiques est source d’inquiétudes.
Plusieurs membres ont été enlevés, tués ou ont fui le pays car ils craignaient les persécutions. L’enlèvement de Shabbir Baloch semble relever d’une pratique bien établie prenant la forme de disparitions forcées de militants politiques, défenseurs des droits humains, journalistes, avocats et insurgés présumés appartenant à la communauté baloutche. Beaucoup des personnes soumises à une disparition forcée ont été retrouvées mortes à travers la province, leur corps présentant souvent des blessures par balles et des marques de torture.