Une grève nationale (Paro Nacional) a débuté le 28 avril, déclenchée par un projet de réforme fiscale du président Iván Duque destiné à augmenter les recettes fiscales pour faire face à la crise économique qui, après un an de ralentissement économique dû à la pandémie de COVID-19, s’est encore aggravée.
Cette grève nationale reprend également plusieurs revendications que la société civile colombienne a exprimées lors de manifestations similaires à la fin de l’année 2019, appelant les autorités à mettre un terme aux assassinats de défenseurs et défenseures des droits humains, à respecter les Accords de paix, et à mettre en place un système de santé accessible, sûr et complet ainsi qu’une réforme approfondie de la police. La population réclame désormais aussi qu’il soit mis fin à la répression policière lors des manifestations.
Au 31 mai, selon les estimations d’organisations locales de défense des droits humains, 45 personnes avaient été tuées par des membres des forces de l’ordre, et 25 personnes avaient été victimes de violences sexuelles, six de violences liées au genre, 1 649 de détentions arbitraires et 65 de lésions oculaires. Dans un rapport publié le 24 mai, la Fiscalía General de la Nación (organe de l’État qui déclenche la procédure pénale, mène l’enquête et prononce l’inculpation) a fait état de 129 « disparitions ».
Amnesty International a confirmé l’authenticité de vidéos sur lesquelles on voit la police colombienne utiliser des armes létales et faire usage sans discernement d’armes à létalité réduite, comme les gaz lacrymogènes, les canons à eau et d’autres équipements, contre les manifestantes et manifestants dans plusieurs régions du pays. Certaines de ces armes ont été fabriquées aux États-Unis.
Le 28 mai, le secrétaire d’État des États-Unis a rencontré la vice-présidente et ministre colombienne des Affaires étrangères, et a dit avoir « réaffirmé le droit incontestable des citoyens de manifester pacifiquement » et « exprimé son inquiétude et ses condoléances pour les vies perdues lors des manifestations ».
Du 8 au 10 juin, plus de trois semaines après avoir déposé une demande officielle de visite en Colombie, la Commission interaméricaine des droits de l’homme a pu effectuer une visite de travail dans le pays.
Pour le moment, aucun État membre n’a appelé le Conseil permanent de l’Organisation des États américains à obtenir des informations de première main sur la situation, ni à réaliser une étude ou à offrir ses bons offices pour proposer des solutions à la crise des droits humains en Colombie.