Écrire Inquiétudes pour la santé d’un militant bélarussien incarcéré

Dzmitry Paliyenka, un activiste bélarussien âgé de 23 ans, purge une peine d’emprisonnement de deux ans pour avoir manifesté pacifiquement contre des restrictions imposées aux cyclistes. Il est exposé à des conditions qui aggravent son asthme et a une blessure pour laquelle il ne reçoit pas de soins médicaux. Cet homme est un prisonnier d’opinion.

En octobre 2016, le militant Dzmitry Paliyenka a été déclaré coupable de « violences ou menaces de violences à l’encontre d’un agent des forces de l’ordre » et de « production et distribution de matériel pornographique ou de biens à caractère pornographique », et condamné à deux ans de prison. Ces charges, dénuées de fondement, étaient liées à une manifestation cycliste organisée à Minsk, capitale du Bélarus, le 29 avril 2016 pour protester pacifiquement contre des restrictions imposées aux cyclistes. Depuis l’incarcération de Dzmitry Paliyenka en avril 2017, Amnesty International a reçu des informations concordantes indiquant que cet homme est pris pour cible par les autorités pénitentiaires et soumis à un traitement très dur. Il passe 10 jours par mois à l’isolement cellulaire et a vu son allocation mensuelle réduite d’un tiers. Le courrier qui lui est adressé ne lui est pas remis et certaines de ses lettres ne sont pas postées. Ses amis ont organisé une campagne de rédaction de cartes de solidarité à son intention fin décembre 2017, à la période du Nouvel An, mais il n’a pas reçu une seule de ces cartes. Les autorités pénitentiaires dissuadent les autres détenus de lui parler et ceux qui le font sont sanctionnés.

Il est extrêmement difficile pour Dzmitry Paliyenka de communiquer avec le monde extérieur car ses rencontres avec son avocat et son père, ainsi que toute sa correspondance, sont surveillées et censurées par les autorités pénitentiaires. Il a cependant réussi à faire savoir qu’il avait été blessé à la jambe il y a environ deux mois et que le médecin de la prison refusait de le soigner alors que la plaie n’était pas guérie. On ne sait pas comment il a été blessé. Dzmitry Paliyenka est également asthmatique. Les autorités pénitentiaires l’ont affecté à un travail dans un environnement poussiéreux, ce qui a aggravé son asthme. On ignore s’il reçoit un traitement médical adapté pour cette pathologie, mais ses proches craignent que ce ne soit pas le cas.

Dzmitry Paliyenka purge une peine de deux ans d’emprisonnement à Babrouïsk, à une centaine de kilomètres au sud-est de Minsk. Cet homme est détenu uniquement pour avoir exercé sans violence son droit à la liberté d’expression et de réunion pacifique ; il s’agit donc d’un prisonnier d’opinion.

Selon les organisations de défense des droits humains qui ont suivi la manifestation des cyclistes, peu après le début du rassemblement, la police a tenté de mettre fin à l’événement en recourant à la force sans discrimination et de manière excessive contre les participants. Plusieurs cyclistes sont montés sous la contrainte à bord d’un véhicule de police. Selon leur témoignage, ils y ont été roués de coups de pied et forcés à s’allonger au sol, leurs vélos jetés sur eux, position dans laquelle ils ont dû rester jusqu’à leur arrivée au poste de police. Dzmitry Paliyenka a été accusé d’avoir déchiré la veste d’un policier. C’est le seul participant à avoir été poursuivi. Avant l’ouverture de son procès en octobre 2016, il a été maintenu en détention durant cinq mois. Pendant le procès, le policier a admis qu’il ne pouvait affirmer avec certitude que Dmitry Paliyenka avait déchiré sa veste et personne d’autre n’a été en mesure de témoigner contre celui-ci. Dzmitry Paliyenka a été déclaré coupable et condamné à une peine de deux ans d’emprisonnement assortie d’un sursis de deux ans. Il a fait appel de cette décision devant le tribunal de la ville de Minsk, mais sa peine avec sursis a été confirmée le 27 décembre 2016.

Les 10 et 20 mars 2017, Dzmitry Paliyenka a été condamné respectivement à sept et 15 jours de détention administrative. La première sanction administrative était liée à un procès auquel Dzmitry Paliyenka a assisté, le 10 mars 2017, en tant qu’observateur. Lorsque le jugement a été rendu, il a, avec d’autres observateurs, crié « Honte », ce pour quoi le tribunal l’a inculpé au titre des articles 17.1 (« faits mineurs de hooliganisme ») et 23.4 (« refus d’obtempérer aux injonctions légitimes de la police ») du Code administratif du Bélarus.

La seconde sanction était liée à sa participation, le 25 février 2017, à une manifestation pacifique contre la construction d’un centre d’affaires à Minsk. Il a été arrêté le 20 mars 2017 et inculpé au titre de l’article 23.34, partie 3, du Code administratif (« organisation d’événements de grande ampleur non autorisés ou participation à ces événements »). Il a été condamné à 15 jours de détention administrative. Bien que cette sanction ait été appliquée jusqu’à son terme, il n’a pas été libéré. Sa détention a été prolongée de 10 jours pour des raisons qui n’ont pas été révélées au public. Les autorités ont affirmé que Dzmitry Paliyenka n’avait pas respecté les conditions de son sursis, notamment en raison des deux infractions administratives mentionnées plus haut. Le 7 avril 2017, le tribunal du district Zavodski, à Minsk, a annulé ce sursis et la peine de deux ans d’emprisonnement qui avait été prononcée contre Dzmitry Paliyenka a été appliquée. La période que Dzmitry Paliyenka avait déjà passée en détention ayant été prise en compte, il lui restait alors 18 mois et trois jours à passer derrière les barreaux, jusqu’en octobre 2018.

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