Zafar Arif, professeur à la retraite, 70 ans, a été arrêté le 22 octobre et ne peut toujours ni consulter un avocat ni recevoir des soins médicaux. Il souffre de troubles cardiaques et sa santé soulève de vives préoccupations.
Zafar Arif, un professeur âgé de 70 ans, a été arrêté le 22 octobre par les Rangers du Sind alors qu’il entrait dans le Club de la presse de Karachi (capitale de la province du Sind, sud du Pakistan). Il devait y tenir une deuxième conférence de presse pour le compte d’un parti politique, le Muttahida Qaumi Movement (MQM, Mouvement national unifié) de Londres, après avoir fait une première conférence au nom de ce même parti le 16 octobre. Le 22 octobre, Zafar Arif a été inculpé d’incitation à perturber l’ordre public, au titre de l’Ordonnance de 1960 sur le maintien de l’ordre public, et a été incarcéré dans la prison centrale de Karachi avec deux autres membres du MQM, Kanwar Khalid Younus et Amjadullah Khan. Kanwar Khalid Younus a été libéré le 22 novembre. Selon des membres de la famille de Zafar Arif, Amjadullah Khan est maintenu en détention et régulièrement battu. Zafar Arif, pour sa part, est toujours incarcéré dans la prison centrale de Karachi, où il ne peut ni recevoir des soins médicaux ni consulter un avocat.
Le 17 novembre, la détention de Zafar Arif a été prolongée de 30 jours par le ministère de l’Intérieur du gouvernement du Sind. Selon l’inspecteur général adjoint de la police de la zone sud de Karachi, cette prolongation se justifie par la crainte que la libération de Zafar Arif n’exacerbe les tensions entre le MQM de Londres et le MQM du Pakistan et n’entraîne des « troubles à l’ordre public ». Le 20 décembre, le ministère de l’Intérieur a ordonné la libération de Zafar Arif et d’Amjadullah Khan. Toutefois, d’après la famille de Zafar Arif, les médias et d’autres témoins rassemblés devant la prison, les deux hommes ont été de nouveau arrêtés par la police d’Azizabad quelques minutes à peine après leur libération et ont été emmenés au poste de police, où Zafar Arif a été maintenu en garde à vue pendant la nuit. Selon certains médias, les deux hommes ont tous deux été inculpés pour avoir tenu des propos séditieux.
Depuis le début de sa détention, Zafar Arif ne peut ni consulter un avocat ni bénéficier de soins médicaux. Or, il souffre de troubles cardiaques et a subi deux pontages coronariens. Le 25 octobre, le médecin qui le suit aux États-Unis a adressé au gouvernement du Sind, au gouvernement fédéral et aux forces armées du Pakistan une lettre soulignant qu’il était vital qu’il prenne régulièrement ses médicaments. Cependant, les autorités pénitentiaires persistent à priver Zafar Arif du traitement qui lui est nécessaire.
Écrire Inquiétudes pour la santé d’un professeur de 70 ans incarcéré
Amnesty International a recueilli de très nombreuses allégations dignes de foi faisant état de violations commises par des policiers et des membres d’une unité paramilitaire, les Rangers. Les Rangers sont déployés à Karachi en application de la Loi antiterroriste de 1997, qui les autorise à arrêter et à maintenir en détention des personnes soupçonnées d’infractions liées au terrorisme telles que définies dans cette loi, infractions qui sont jugées par une cour antiterroriste. La vaste définition des infractions tombant sous le coup de cette loi confère également aux Rangers de Karachi des pouvoirs de police leur permettant d’agir contre des personnes soupçonnées d’être impliquées dans des homicides motivés par l’intolérance religieuse, des enlèvements en vue de l’obtention d’une rançon et des faits de racket. Des personnes de tout milieu subissent des violations de leurs droits fondamentaux imputables aux Rangers de Karachi. Amnesty International est préoccupée par le fait que les lois et pratiques existantes en matière de sécurité, de même que l’absence de mécanisme indépendant, impartial et transparent chargé d’enquêter sur les Rangers et d’autres forces de sécurité de l’État, favorisent l’existence d’un climat dans lequel les forces de l’État peuvent commettre des violations à Karachi en toute impunité, ou presque.
De nombreux militants du MQM et d’autres partis politiques sont la cible d’arrestations arbitraires. Dans la matinée du 3 mai, Aftab Ahmed, assistant d’un haut responsable du MQM, qui avait été arrêté par les Rangers à Karachi, a été conduit à l’hôpital de Jinnah car il se plaignait de douleurs thoraciques – il est mort le matin même. Son corps présentait des marques provoquées, selon toute apparence, par des actes de torture. Le lendemain, sous la pression de l’opinion publique, le directeur général des Rangers du Sind a reconnu qu’Aftab Ahmed avait été torturé en détention, mais a affirmé que ses forces n’étaient pas responsables de la mort de cet homme.
Le 26 août 2015, Asim Hussain, membre de premier plan du Parti du peuple pakistanais (PPP) et ancien ministre fédéral, a été arrêté par les Rangers et inculpé d’« implication dans des infractions liées à des détournements de fonds visant à encourager et à soutenir des activités terroristes » au titre de la Loi antiterroriste de 1997 et de deux autres chefs de corruption par le Bureau national de suivi des responsabilités. Il a ensuite été maintenu en détention administrative par les Rangers dans la prison de la résidence Mitha Ram, à Karachi, entre les mois d’août et de novembre 2015. Asim Hussain affirme que pendant cette période, on l’a soumis à un traitement cruel et inhumain en l’obligeant à rester debout dans une pièce sombre toute la nuit, les mains attachées derrière le dos. Il n’a pas été autorisé à consulter un avocat et dit ne pas avoir reçu de soins médicaux adaptés. Le 22 septembre 2015, pendant la période où il était détenu par les Rangers, il a été admis à l’Institut national des maladies cardiovasculaires, se plaignant de sueurs, de vertiges, d’une hypertension artérielle non contrôlée et de troubles cardiaques. Selon une équipe médicale que cet institut avait chargée de soigner Asim Hussain, les Rangers sont venus le chercher à l’hôpital le 28 septembre au beau milieu de la nuit, emportant également ses dossiers médicaux, sans que l’administration de l’établissement en ait été informée, alors que sa santé rendait nécessaire la poursuite de sa prise en charge médicale. Depuis novembre 2015, Asim Hussain a été transféré sous la garde du Bureau national de suivi des responsabilités et de la police du Sind, et est détenu à l’hôpital de Jinnah. Sa santé s’est considérablement détériorée au cours de cette période. En effet, il se plaint d’un rythme cardiaque irrégulier, de sueurs et de douleurs à la poitrine. De plus, dans son rapport, la commission médicale du centre hospitalier Jinnah de Karachi a recommandé une chirurgie du dos que, selon la famille d’Asim Hussain, les autorités lui refusent en raison de retards dans la tenue de son procès. Le Pakistan est partie au Pacte international relatif aux droits civils et politiques, dont l’article 9 consacre le droit à un procès équitable.
Nom : Zafar Arif
Homme
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