Les autorités carcérales égyptiennes empêchent Israa al Taweel de bénéficier des soins médicaux dont elle a besoin alors qu’elle risque de devenir handicapée à vie.
Les proches d’Israa al Taweel ont indiqué à Amnesty International qu’en juillet 2015, les médecins de la prison avaient diagnostiqué chez cette jeune femme une invalidité permanente ne nécessitant aucun traitement. Ils se sont plaints plusieurs fois mais les autorités de la prison ont refusé que l’intéressée reçoive des soins au motif qu’aucun traitement n’améliorerait son état. Cependant, d’après des rapports médicaux établis par des médecins à l’extérieur de la prison – qu’Amnesty International a consultés – Israa al Taweel souffre d’une « paralysie à la jambe due à une blessure par balle reçue dans le bas du dos, qui a entraîné une rupture du plexus nerveux ». Il y est également marqué que cette femme doit suivre un traitement comprenant des séances de physiothérapie, faute de quoi elle risque une « perte significative de force musculaire dans la jambe ».
Le Syndicat des médecins égyptiens a publié ces documents en octobre dernier et appelé le procureur général, le ministère de l’Intérieur et le Conseil national des droits humains à l’autoriser à envoyer un comité médical pour examiner Israa al Taweel. Pour l’heure, cette requête n’a pas abouti.
Le 25 janvier 2014, Israa al Taweel a été blessée par balle au dos lorsque les forces de sécurité sont intervenues pour réprimer une manifestation organisée pour commémorer le troisième anniversaire du soulèvement de janvier 2011. La jeune femme est restée dans un fauteuil roulant, incapable de marcher, pendant près d’un an. Son état s’est amélioré grâce à des séances de physiothérapie qui lui ont permis de remarcher avec deux béquilles, puis une seule, et finalement en s’appuyant sur ses proches. Après son arrestation en juin 2015, la jeune femme s’est vu refuser tout traitement et son état s’est dégradé, au point qu’elle a demandé à sa famille de lui rapporter ses béquilles.
Sa période de détention en attendant le procès a été renouvelée le 2 novembre dernier pour 45 jours. Elle est maintenant détenue depuis plus de 155 jours, uniquement pour s’être trouvée avec deux amis recherchés par les forces de sécurité et pour possession d’un appareil photo.