La jeune défenseure des droits humains Shima Babaee, qui mène campagne contre le port obligatoire du voile, et son mari Dariush Zand risquent d’être torturés et soumis à d’autres mauvais traitements. Ils sont tous les deux détenus à la prison d’Evin, à Téhéran, et privés de contacts avec leur famille et leurs avocats, depuis leur arrestation, le 1er février. Ils ont été arrêtés par des agents du ministère du Renseignement en raison de leurs activités pacifiques de défense des droits humains. Ils sont des prisonniers d’opinion.
Le 1er février, des agents du ministère du Renseignement ont arrêté la défenseure iranienne des droits des femmes Shima Babaee (ou Babaei) et son mari Dariush Zand, également défenseur des droits humains, à Behbahan, une ville située dans le sud de la province du Khouzistan. Ils ont été détenus pendant près de 48 heures dans des centres de détention du ministère du Renseignement à Behbahan et à Ahvaz, dans la province du Khouzistan, puis transférés à la section 209 de la prison d’Evin, où ils sont maintenus en détention et privés de tout contact avec leurs proches et leurs avocats. Leurs proches ont eu des nouvelles d’eux pour la dernière fois le 6 février, quand Shima Babee a été autorisée à passer un appel téléphonique d’une minute. Selon ses proches et son avocat, qui se sont rendus à plusieurs reprises au bureau du procureur de la prison d’Evin pour obtenir des informations sur le sort réservé aux deux défenseurs des droits humains, les fonctionnaires ont dit qu’ils ne permettront aux deux détenus de voir leur avocat et ne donneront des informations à leur sujet que lorsque les interrogatoires seront terminés.
L’arrestation et la détention de Shima Babaee s’inscrivent manifestement dans le cadre d’un vaste mouvement de répression mené en Iran contre les femmes qui protestent pacifiquement contre le port obligatoire du voile, qui constitue une pratique abusive et discriminatoire. Plusieurs vidéos montrant Shima Babaee s’exprimer haut et fort en faveur de la campagne des Mercredis blancs, qui convie les femmes à partager des images et des vidéos d’elles portant un foulard ou des vêtements blancs en signe de protestation contre le port obligatoire du voile, ont été publiées sur les plateformes de la campagne sur les réseaux sociaux, notamment un court documentaire dans lequel elle interviewe des gens dans le public au sujet de ce qu’ils pensent du port obligatoire du voile. Du fait de ces activités militantes, elle a été convoquée pour un interrogatoire à plusieurs reprises avant cette dernière arrestation, et menacée d’être emprisonnée.
C’est la deuxième fois en l’espace de deux mois que Dariush Zand est arrêté. Il a été arrêté et incarcéré à la prison d’Evin le 25 décembre 2017 en raison de sa participation pacifique le même mois à des manifestations contre la pauvreté et la répression politique, et remis en liberté le 6 janvier 2018. Dariush Zand dit avoir été torturé à plusieurs reprises par des gardiens de la révolution, qui l’ont notamment frappé à coups de poing et de pied et avec des câbles et des tuyaux. Selon ses proches, il avait des hématomes sur le corps et des dents cassées. Il a également souffert de maux de tête et de vertiges qui ont nécessité un traitement médical. L’on craint qu’il ne soit en mauvaise santé en raison des blessures dues aux coups qu’il a reçus.