L’arrestation de Mohammed Adam et de Mohammed al Fatih a eu lieu le lendemain de la publication d’un bref communiqué du ministère soudanais de l’Intérieur indiquant qu’un haut gradé de la police avait été tué lors des manifestations du 13 janvier à Khartoum. Dans un communiqué plus long publié le 25 janvier, le ministère de l’Intérieur a déclaré que la victime était morte des suites de blessures provoquées par des coups de couteau, reçus dans le bras gauche et dans le dos alors que le policier tentait de maîtriser des manifestants. Le ministère de l’Intérieur ajoutait que des équipes de police avaient réussi à retrouver la trace des auteurs et à capturer plusieurs suspects, et que des témoins oculaires avaient identifié les suspects, qui avaient ensuite été interrogés, avaient avoué avoir poignardé la victime et avaient révélé où se trouvait l’arme du crime.
Le communiqué indiquait également que toutes les procédures juridiques techniques avaient été respectées, que les auteurs présumés avaient participé à une reconstitution des faits sur les lieux du crime et que leurs aveux judiciaires avaient été enregistrés. Bien que le nom des suspects n’ait pas été précisé dans le communiqué, beaucoup pensent qu’il s’agit de Mohammed Adam et de Mohammed al Fatih.
Le Soudan a connu une série de manifestations de grande ampleur depuis le putsch commis par l’armée nationale en octobre 2021. Les forces de sécurité ont réagi en employant un vaste éventail de méthodes répressives et violentes, recourant notamment sans nécessité ou de manière excessive à la force meurtrière et à des arrestations arbitraires, pour contrer les actes d’opposition au coup d’État. À ce jour, les forces de sécurité ont tué 81 personnes et en ont blessé des centaines d’autres au moyen de balles réelles.
Des centaines de militant·e·s politiques et de manifestant·e·s ont été arrêtés arbitrairement depuis le putsch, qui a mis fin une collaboration difficile de plus de deux ans entre dirigeants militaires et dirigeants civils, au sein d’un gouvernement de transition issu d’un compromis sur le partage du pouvoir. Ce compromis avait été négocié à la suite de la destitution par les chefs militaires, en avril 2019, du dirigeant autoritaire de longue date du Soudan, Omer el Béchir, après des mois de manifestations organisées par les responsables de l’opposition civile, auxquelles les femmes et les jeunes avaient activement participé.