Écrire Un journaliste arrêté pour avoir couvert une manifestation

Pour AGIR : envoyez un message aux autorités algériennes et à l’ambassade en copiant-collant le modèle de lettre ci-dessous à : info@algerian-embassy.be et president@el-mouradia.dz
Mettez dans l’objet de votre email le nom de la personne pour qui vous écrivez : Rabah Karèche

Le 18 avril, les autorités algériennes ont arrêté le journaliste Rabah Karèche, peu après la parution, dans le journal Liberté, d’un de ses articles qui portait sur une manifestation organisée par les Touaregs de la région de Tamanrasset (sud de l’Algérie) pour contester le rattachement récent de certaines parties de leur wilaya (préfecture) à des préfectures nouvellement créées.

Rabah Karèche est incarcéré dans une prison à Tamanrasset, dans l’attente de son jugement, et encourt jusqu’à 23 ans de réclusion s’il est déclaré coupable. Il doit être libéré immédiatement et sans condition.

Rabah Karèche est un correspondant du quotidien Liberté à Tamanrasset depuis près de 10 ans. Les articles qu’il publie dans ce journal portent sur des sujets divers, notamment la justice sociale, la gouvernance, la corruption et les migrations. Sa couverture des événements dans la région militaire la plus méridionale de l’Algérie a attiré l’attention sur la lutte des Touaregs, qui protestent régulièrement contre leur marginalisation économique et sociale sans susciter suffisamment l’intérêt des médias. Rabah Karèche a dénoncé ce problème, notamment via un entretien avec un chef de tribu de la commune de Tazrouk, dans la préfecture de Tamanrasset, qui a accusé les autorités de ne pas avoir pris en considération des rapports sur les limites territoriales historiques de la préfecture lorsqu’elles ont décidé de procéder à un redécoupage territorial de la région.

Le placement en détention de Rabah Karèche témoigne de la recrudescence de la répression à l’encontre des droits humains dans le pays, en particulier du droit à la liberté d’expression, du droit de réunion pacifique et de la liberté de la presse. En février 2021, le président Abdelmadjid Tebboune a gracié des dizaines de personnes qui avaient passé des mois en prison simplement pour avoir participé pacifiquement au mouvement populaire de contestation du Hirak, qui vise à obtenir des réformes politiques en Algérie. Parmi les personnes libérées figurait le journaliste Khaled Drareni, qui a passé près de 12 mois derrière les barreaux uniquement pour avoir couvert les manifestations du Hirak.

Depuis que les manifestations du Hirak ont repris en février 2021, après des mois d’interruption en raison des restrictions liées au COVID-19, les autorités algériennes ont renoué avec leurs méthodes répressives en soumettant les journalistes, ainsi que les personnes qui défendent les droits humains, militent et manifestent, à des arrestations arbitraires et à diverses autres mesures qui limitent leur droit de s’exprimer et se réunir pacifiquement. Selon le Comité national pour la libération des détenus, un groupe local de surveillance, au moins 63 personnes sont actuellement détenues en Algérie pour leurs activités militantes, dont 48 personnes arrêtées depuis février 2021.

La législation algérienne contient de nombreuses dispositions répressives qui permettent de poursuivre les journalistes ainsi que les personnes qui tiennent des blogs ou ont des activités militantes. Ces dispositions, bien souvent, sont formulées en des termes vagues et ont une portée excessivement large, ce qui fait qu’elles peuvent être invoquées de façon arbitraire contre des personnes critiques à l’égard des pouvoirs publics. Dans un rapport publié le 22 février 2021, Amnesty International a constaté que les tribunaux algériens se fondaient sur au moins 20 articles de cette nature, les plus couramment retenus concernant l’« atteinte à l’unité nationale », l’« atteinte à l’intérêt national », la « démoralisation de l’armée », la « provocation directe à un attroupement non armé », l’« outrage à agents publics », l’« offense au président de la République » ou l’« atteinte à l’islam », en vertu, respectivement, des articles 79, 96, 74, 75, 100, 144, 144 bis et 144 bis 1 du Code pénal. Les autorités ont utilisé la pandémie de COVID-19 comme prétexte pour adopter de nouvelles dispositions qui restreignent davantage encore le droit à la liberté d’expression, en ligne et hors ligne, ainsi que le droit de réunion pacifique, en ajoutant l’article 196 bis au Code pénal pour punir la diffusion de « fausses informations ».

En tant qu’État partie au Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP) (qui, à l’article 19, garantit à toute personne le droit d’avoir des opinions sans être inquiétée et de rechercher, de recevoir et de répandre des informations et des idées de toute espèce, sans considération de frontières et sous toute forme), l’Algérie est tenue de respecter, protéger, promouvoir et réaliser le droit à la liberté d’expression et la liberté de la presse.

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