Écrire Une journaliste en danger après des menaces de mort

Le 13 avril, le président de la Tchétchénie Ramzan Kadyrov a publié sur Instagram une vidéo dans laquelle il menaçait de mort la journaliste russe Elena Milachina. Cette menace faisait suite à la publication d’un article de la journaliste à propos de la pandémie de COVID-19 en Tchétchénie.

Elle est en grand danger et les autorités russes doivent de toute urgence prendre des mesures pour veiller à sa sécurité.

Le 12 avril, le journal indépendant russe Novaïa Gazeta a publié un article d’Elena Milachina à propos de la pandémie de COVID-19 en Tchétchénie et de la réponse des autorités à cette situation. Cet article, intitulé « Mourir du coronavirus - un moindre mal. Quand, en Tchétchénie, les personnes infectées sont assimilées à des terroristes, les gens commencent à cacher qu’ils sont malades et meurent chez eux », a provoqué une réaction sans précédent de la part du président de la Tchétchénie, Ramzan Kadyrov.

Il a largement commenté l’article sur son compte Telegram et, plus inquiétant, a publié sur Instagram une vidéo dans laquelle il accusait Novaïa Gazeta et ses journalistes d’être des « pantins de l’Occident » et appelait directement le gouvernement russe et le Service fédéral de sécurité (FSB) à « arrêter ces non-humains qui écrivent et provoquent [son] peuple ». Il déclarait dans sa vidéo : « Ça suffit ! Si vous voulez qu’on commette un crime et qu’on devienne des criminels, allez-y, dites-le ! L’un de nous endossera le poids de cette responsabilité et subira le châtiment prévu par la loi. Il ira en prison, puis il en sortira. N’essayez pas de nous transformer en criminels, en assassins... ».

Ce n’est pas la première fois qu’Elena Milachina est menacée en raison de son travail en Tchétchénie (une action urgente avait déjà été publiée en 2015, par exemple : https://www.amnesty.org/fr/documents/eur46/1844/2015/fr/).

Le 6 février 2020, l’avocate Marina Doubrovina et elle ont été agressées et rouées de coups par un groupe de personnes dans un hôtel de Grozny, la capitale tchétchène (voir https://www.amnesty.org/frf/latest/news/2020/02/russia-prominent-investigative-journalist-and-lawyer-attacked-during-visit-to-chechnya/).

L’enquête sur cette attaque est actuellement à l’arrêt, les images filmées par les caméras de surveillance auraient été « égarées » et aucun des agresseurs présumés n’a été traduit en justice. Ramzan Kadyrov a également mentionné cette attaque dans sa vidéo, déclarant qu’il ne s’agissait que de « hooliganisme de rue » et que « ce n’est pas un crime », et affirmant qu’il n’existait « pas un seul témoin, pas une seule preuve ».

Le 15 avril, le bureau du procureur général a ordonné que Novaïa Gazeta supprime l’article d’Elena Milachina sur la Tchétchénie et la réponse des autorités à la pandémie de COVID-19. L’article a été retiré du site internet du journal. Le procureur général n’a pas encore donné d’explication sur ses affirmations selon lesquelles l’article contiendrait de « fausses informations ».

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