Le 1er août, le tribunal de Basmanny à Moscou a statué en faveur du renvoi forcé de Russie en Ouzbékistan du journaliste et militant ouvertement gay, Khoudoberdi Nourmatov (alias Ali Ferouz). S’il est renvoyé, il risque d’être victime d’actes de torture et d’être emprisonné en raison de son orientation sexuelle. Le journaliste dispose de neuf jours pour faire appel de la décision.
Khoudoberdi Tourgounalievitch Nourmatov, correspondant pour le journal Novaïa Gazeta et militant de la société civile plus connu sous son nom de plume Ali Ferouz, a été arrêté par la police le 1er août, officiellement pour un contrôle d’identité. Le journaliste a présenté sa carte de presse, mais les policiers l’ont arrêté et l’ont conduit au poste de police du district de Basmanny, où il a été inculpé de « violation de la législation relative à l’entrée ou au séjour d’un ressortissant étranger en Fédération de Russie », au titre du paragraphe 3.1 de l’article 18.8 du Code d’infractions administratives russe. Il a ensuite été conduit au tribunal de Basmanny à Moscou. Le juge l’a condamné à une amende de 5000 roubles et a statué qu’il devait être renvoyé de force en Ouzbékistan.
Le journaliste a été placé en état d’arrestation au tribunal et a été conduit à un centre pour étrangers en instance d’expulsion à Moscou. On lui a donné dix jours pour faire appel de la décision. S’il est renvoyé en Ouzbékistan, Khoudoberdi Nourmatov risque d’être victime de graves violations des droits humains, notamment d’actes de torture, et d’être poursuivi et, s’il est déclaré coupable, emprisonné en raison de son orientation sexuelle (les relations sexuelles consenties entre hommes sont une infraction en Ouzbékistan).
Lors de l’audience, le journaliste a maintenu qu’il n’enfreignait pas la législation en matière d’immigration et qu’il essayait d’obtenir l’asile en Russie depuis trois ans, et avait fait appel du dernier rejet de cette demande.
Il est né et a passé son enfance en Russie, et est parti en Ouzbékistan après avoir été diplômé d’une école russe. Il a obtenu la nationalité ouzbèke, mais est très vite revenu en Russie pour s’inscrire à l’université. Il a déclaré que son séjour en Russie était légal et que sa mère, sa sœur et son frère étaient russes. La police a cependant affirmé que le journaliste était dans le pays illégalement depuis 2011 et que son dernier appel du rejet de sa demande d’asile n’avait pas été accepté par le tribunal (ce dont Khoudoberdi Nourmatov n’avait pas été informé).
Amnesty International a recensé de nombreux cas de renvois forcés de migrants de Russie vers l’Ouzbékistan, certains demandeurs d’asile et réfugiés étant victimes d’enlèvements et de restitutions secrètes par les forces de sécurité.
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