Zhang Zhan est une journaliste citoyenne chinoise incarcérée pour avoir couvert les premiers jours de la pandémie de COVID-19 à Wuhan.
Ancienne avocate, elle s’est rendue à Wuhan en février 2020 pour couvrir sur le terrain ce qui s’y passait. Elle a publié sur les réseaux sociaux des informations dénonçant l’arrestation par des représentants du gouvernement de journalistes indépendants et le harcèlement des familles de patient·e·s atteints du COVID-19.
Elle a « disparu » à Wuhan en mai 2020. Il est apparu par la suite qu’elle avait été arrêtée par les autorités chinoises et détenue à Shanghai, où elle a été reconnue coupable d’« avoir cherché à provoquer des conflits et troublé l’ordre public » à l’issue d’une parodie de procès. Pendant sa détention, elle a observé une grève de la faim partielle pour protester contre son verdict de culpabilité. Cela a gravement affecté sa santé, ce qui lui a valu de multiples hospitalisations.
Selon un avocat qui s’est entretenu avec sa famille, en juillet 2023, elle a de nouveau été admise à la clinique de la prison, avec des conséquences inquiétantes sur sa santé à long terme et ne pesant plus que 37 kilos, soit la moitié de son poids avant sa privation de liberté.
Le 13 mai 2024, après avoir purgé sa peine de quatre ans d’emprisonnement, Zhang Zhan a été libérée. Toutefois, depuis lors, elle est soumise à une surveillance stricte et à un harcèlement continu des autorités. Zhang Zhan s’est dite préoccupée par le fait que ses publications en ligne étaient surveillées.
Fin août, elle se serait rendue de Shanghai à la province du Gansu, dans le nord-ouest de la Chine, pour témoigner sa solidarité à d’autres défenseur·e·s des droits humains. Peu après, lors d’une visite dans sa ville natale de Shaanxi, elle est soudain devenue injoignable. Par la suite, elle aurait été placée en garde à vue par la police de Shanghai, à plus de 1 000 kilomètres de sa dernière localisation connue.
Depuis lors, Zhang Zhan est détenue par les autorités chinoises, selon la société civile pour « avoir cherché à provoquer des conflits et troublé l’ordre public », et est actuellement incarcérée au centre de détention de Pudong, à Shanghai. Elle est détenue depuis plus d’un mois.
Zhang Zhan est incarcérée uniquement pour avoir exercé son droit à la liberté d’expression. Son cas a été présenté dans le cadre de la campagne Écrire pour les droits 2021 d’Amnesty International.
Depuis l’épidémie de COVID-19 qui s’est déclarée à Wuhan, la répression de la liberté d’expression en Chine n’a cessé de s’aggraver. Amnesty International a recensé de nombreux cas de journalistes indépendants et de militant·e·s condamnés pour avoir fait des reportages sur la vérité de cette pandémie, Zhang Zhan illustrant parfaitement cette politique. Ces mesures répressives se sont intensifiées après le mouvement des « feuilles blanches », et l’étau s’est resserré autour de la société civile.
Les défenseur·e·s des droits humains, notamment les manifestantes, les journalistes indépendants, les avocat·e·s spécialisés dans les droits humains et les universitaires, risquent de se voir infliger de lourdes peines sur la base de diverses accusations en lien avec la « mise en danger de la sécurité nationale ».
Même après avoir purgé l’intégralité de leur peine, ils jouissent d’une liberté restreinte, sont victimes, ainsi que leurs familles, de mesures de harcèlement et sont privés de leurs droits.
Nous avons recensé plusieurs cas de défenseur·e·s des droits humains qui, bien que libérés, ne jouissent toujours pas d’une liberté totale.
C’est le cas de Jiang Tianyong, avocat spécialisé dans les droits humains, détenu sous le régime de la résidence surveillée après sa libération et qui n’a pas pu retrouver sa famille depuis plus de 11 ans.
Wang Quanzhang, lui aussi avocat spécialiste des droits humains, continue d’être en butte à des expulsions forcées et de faire l’objet de menaces au sujet de l’éducation de ses enfants, même après sa libération.