Écrire Un journaliste incarcéré risque d’être torturé

Le journaliste indépendant Daler Charipov a été arrêté le 28 janvier et placé en détention provisoire dans la capitale tadjike, Douchanbé, pour des accusations forgées de toutes pièces d’« incitation à la discorde religieuse ». Il n’a pas été autorisé à consulter son avocat et risque d’être torturé.

Daler Charipov est un prisonnier d’opinion, détenu uniquement pour avoir exercé pacifiquement son droit à la liberté d’expression. Il doit donc être libéré immédiatement et sans condition.

Daler Charipov est un journaliste bien connu au Tadjikistan qui traite de sujets allant des violations des droits humains à la liberté religieuse. Il a travaillé pour le journal indépendant Ozodagon jusqu’à ce qu’il ferme en 2019 après avoir subi le harcèlement des autorités pendant des années.

L’article 189 du Code pénal, au titre duquel Daler Charipov a été inculpé, comporte une définition très large de l’« extrémisme » et le gouvernement l’emploie fréquemment pour faire taire ses détracteurs – avocats, militants politiques et journalistes notamment. Il prévoit une peine d’emprisonnement comprise entre cinq et 12 ans. Parmi les personnes incarcérées au titre de l’article 189 figurent deux prisonniers d’opinion.

Khaïroullo Mirsaïdov, journaliste indépendant actuellement en exil politique, a été arrêté le 5 décembre 2017 après avoir publié une lettre ouverte adressée au président du Tadjikistan dans laquelle il dénonçait la corruption des pouvoirs publics locaux. Il a passé neuf mois en détention (https://www.amnesty.org/fr/latest/news/2018/08/tajikistan-release-of-independent-journalist-a-rare-victory-for-freedom-of-expression/). Le deuxième prisonnier d’opinion incarcéré au titre de l’article 189 est l’avocat spécialiste des droits humains Bouzourgmekhr Iorov. Il a été condamné à 25 ans de prison en 2015 pour diverses accusations, notamment au titre de l’article 189, dans une affaire qui aurait été intentée à titre de représailles pour son travail en tant qu’avocat représentant des personnes liées à l’opposition politique. En 2019, sa peine a été réduite à 22 ans dans le cadre d’une mesure de grâce collective (https://www.amnesty.org/en/documents/eur60/6266/2017/en/).

Le Comité de sûreté de l’État (SNCS) est l’une des structures chargées de l’application des lois au Tadjikistan qui a le pouvoir d’enquêter sur les crimes les plus graves, notamment les crimes contre l’État, de mener une surveillance secrète et de recruter des informateurs. Au fil des ans, son travail a été entaché de nombreuses allégations de pratiques abusives et de graves atteintes aux droits humains, y compris le recours à la torture.

En 2019, le Comité des droits de l’homme des Nations unies a fait part de ses préoccupations au sujet du « harcèlement dont sont victimes les journalistes et les professionnels des médias indépendants qui ont une attitude critique à l’égard des politiques publiques et d’autres questions d’intérêt public, notamment […] les poursuites engagées contre elles sur la base de fausses accusations ». Il a demandé au Tadjikistan d’« [o]ffrir aux journalistes et aux professionnels des médias indépendants une protection efficace contre toute forme d’intimidation et éviter d’invoquer les dispositions de la législation civile et de la législation pénale, dont les dispositions relatives à l’extrémisme, ainsi que d’autres dispositions, pour étouffer les critiques portant sur des questions d’intérêt public ».

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