Le 31 octobre 2019, Rabie Lablak, un journaliste incarcéré, a mis un terme à sa grève de la faim, qu’il observait depuis 45 jours pour dénoncer les actes de torture et autres mauvais traitements que lui auraient infligés des membres des forces de sécurité marocaines. L’administration pénitentiaire soutenait que Rabie Lablak ne l’avait pas informée de sa grève de la faim, et que son activité confirmait que son état de santé était normal. En avril 2019, Rabie Lablak a été transféré dans la prison de Tanger 2 après avoir été incarcéré dans la prison de Casablanca en mai 2017, en raison de sa participation aux manifestations du Hirak ou mouvement du Rif.
Écrire Un journaliste incarcéré met un terme à sa grève de la faim
Rabie Lablak fait partie des Marocains - journalistes, militants et défenseurs des droits humains - condamnés à des peines d’emprisonnement en 2017 pour leur participation à des manifestations pacifiques dans le contexte du Hirak ou mouvement du Rif au Maroc. Le 11 avril 2019, il a été transféré de la prison d’Okasha, à Casablanca, à la prison de Tanger 2, à Tanger. Rabie Lablak et ses codétenus se sont ainsi retrouvés plus isolés encore, car il est de ce fait presque impossible pour leurs proches de leur rendre visite, compte tenu de la distance. À l’époque de ce transfert, Rabie Lablak observait une grève de la faim, pour demander sa libération et dénoncer l’iniquité de son procès.
Entre le 26 mai et le 15 juillet 2017, les forces de l’ordre marocaines ont arrêté 54 personnes en lien avec le Hirak, notamment le meneur de la protestation Nasser Zefzafi, les manifestants pacifiques Nabil Hamjike, Ouassim Bousestatii, Achraf El Yakhloufi, Mohamed Jelloul et Mohamed El Mejaoui, les journalistes Hamid El Mahdaoui et Rabie Lablak et les journalistes citoyens Mohamed El Asrihi, Hussein El Idrissi et Fouad Essaidi, ainsi que des voisins et amis de Nasser Zefzafi, notamment les frères Ibrahim et Othmane Bouziane.
Le mouvement du Rif réclamait plus de justice sociale et de meilleurs services publics dans cette région du nord du Maroc, marginalisée depuis longtemps. Selon les avocats, beaucoup de personnes sont poursuivies sur la base de charges forgées de toutes pièces pour avoir manifesté pacifiquement, exprimé des opinions contraires à celles des autorités ou couvert en ligne les manifestations. Depuis mai 2017, la police a arrêté plusieurs centaines de personnes dans le contexte du mouvement du Rif, souvent de manière arbitraire, dont des militants pacifiques et des journalistes, et nombre d’entre elles ont déjà été condamnées à des peines de prison, d’une durée pouvant aller jusqu’à 20 ans, pour des charges liées aux manifestations.
Plusieurs des détenus du Hirak ont observé des grèves de la faim depuis 2017, dont 35 à la prison locale d’Ain Sbaa 1, en 2017. Certains ont cessé de s’alimenter pour dénoncer des représailles manifestes contre les grévistes de la faim au cours de fouilles cellulaires et corporelles le 20 septembre 2017. La délégation générale de l’administration pénitentiaire et de la réinsertion a nié publiquement à maintes reprises la réalité des grèves de la faim observées par des détenus du Hirak, alors même que plusieurs grévistes avaient rencontré des représentants de l’autorité judiciaire et été transférés à l’infirmerie de la prison en raison de la dégradation de leur état de santé.
LIEN VERS L’AU PRÉCÉDENTE : https://www.amnesty.org/fr/documents/mde29/1296/2019/fr/
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