Écrire Un journaliste doit être libéré

Les autorités nigérianes ont libéré Omoyele Sowore et Olawale Adebayo Bakare, deux défenseurs des droits humains qui étaient détenus par le Service de sécurité de l’État à Abuja, la capitale du Nigeria.

Agba Jalingo est maintenu en détention à la prison de Calabar, dans l’État de Cross River (sud du Nigeria). Les trois hommes sont poursuivis sur la base de charges de trahison forgées de toutes pièces pour avoir appelé le gouvernement à rendre des comptes.

Agba Jalingo doit être libéré immédiatement et sans condition. Toutes les charges qui pèsent sur ces trois journalistes et défenseurs des droits humains doivent être abandonnées.

Le 23 octobre, la haute cour fédérale a autorisé l’accusation à présenter des témoins et a ordonné que le procès d’Agba Jalingo se déroule à huis clos. En conséquence, le public ne pourra pas assister au procès, ce qui soulève des questions quant à la transparence et à l’équité de la procédure. Le juge chargé de l’affaire, Simon Amobeda, s’est dessaisi après la fuite d’une vidéo où on l’entendait dire que le journaliste serait traité comme Ken Saro-Wiwa, un militant des droits humains condamné à mort par pendaison en 1995. Selon l’usage, le juge Amobeda devait restituer le dossier au juge en chef pour réaffectation après s’être retiré de l’affaire, mais il ne l’a pas fait. Il a conservé le dossier pendant un mois après son retrait, vraisemblablement pour retarder la procédure.

L’une des conditions de la libération sous caution d’Omoyele Sowore est qu’il ne se quitte pas la capitale du Nigeria, Abuja, où se tient son procès.
Au Nigeria, l’espace laissé à la société civile continue à se réduire, les autorités nigérianes réprimant de plus en plus la liberté d’expression et le droit de réunion pacifique. Les autorités ont intimidé des journalistes, des blogueurs, des défenseurs des droits humains et des militants, notamment par le biais d’agressions verbales et physiques, d’arrestations arbitraires, de détentions et de poursuites judiciaires. Nombre de ces journalistes, défenseurs des droits humains et militants sont inculpés de « diffamation », de « terrorisme », de « harcèlement en ligne », d’« enlèvement », de violation de propriété et de vol de documents officiels. Ces charges relèvent notamment de la Loi relative à la cybercriminalité et de la Loi de 2013 portant modification de la Loi relative à la prévention du terrorisme.

La Loi de 2013 prévoit la peine de mort pour les personnes reconnues coupables. Le Sénat nigérian examine actuellement deux projets de loi draconiens concernant le droit à la liberté d’expression sur Internet, dont un qui propose de rendre les « discours de haine » passibles de la peine capitale. Ces textes, soutenus par le gouvernement, témoignent d’une aggravation inquiétante des initiatives prises par les autorités pour censurer et punir les utilisateurs et utilisatrices des réseaux sociaux qui expriment librement leurs opinions.

Le projet de loi sur la Commission nationale pour l’interdiction des discours de haine et le projet de loi sur la protection contre les fausses informations et la manipulation en ligne et d’autres infractions connexes confèrent aux autorités le pouvoir arbitraire de bloquer Internet et de limiter l’accès aux réseaux sociaux, et rendent les critiques à l’égard du gouvernement passibles d’une peine pouvant aller jusqu’à trois ans d’emprisonnement.

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