Le journaliste Nay Min Aung (également connu sous son pseudonyme, Min Min) a reçu des menaces de mort après avoir publié un article sur un groupe ethnique armé présent dans l’État d’Arakan, au Myanmar. Les autorités doivent immédiatement prendre des mesures pour veiller à sa sécurité, enquêter sur les menaces formulées contre lui et amener les responsables présumés de ces agissements à rendre des comptes.
Nay Min Aung, plus connu sous le nom de Min Min, reçoit des menaces de mort et des messages d’intimidation sur Facebook depuis le 10 avril 2017. Ces agissements ont commencé après qu’il a publié un article le 10 avril au sujet de l’arrestation de militants soupçonnés de liens avec l’Armée d’Arakan, qu’il a décrite comme un groupe rebelle. L’Armée d’Arakan est une organisation ethnique armée présente dans l’État d’Arakan qui affronte régulièrement l’armée du Myanmar. Elle refuse l’étiquette de groupe rebelle. L’un des messages indique : « Attention Min Min, nous savons où tu es. Nous pouvons mettre fin à ta vie d’un moment à l’autre. Fais bien attention. » Min Min a signalé ces menaces au poste de police de la municipalité de Sittwe et demandé à rencontrer de hauts responsables de l’État d’Arakan. Cependant, aucune mesure n’a été prise jusqu’à présent, ni pour assurer sa sécurité, ni pour identifier les auteurs des messages.
Min Min est fondateur et rédacteur en chef de Root Investigative Agency (RiA), un collectif de journalistes créé en 2015 pour couvrir l’actualité de l’État d’Arakan. Cet organe de presse traite un certain nombre de sujets sensibles, notamment les allégations de corruption chez des responsables locaux, le trafic de stupéfiants, les groupes nationalistes et le conflit armé.
Ce n’est pas la première fois que Min Min est pris pour cible en raison de ses activités journalistiques. Le 10 mars 2016, une petite bombe a explosé à son domicile, à Sittwe, la capitale de l’État d’Arakan. Personne n’a été blessé car lui et sa famille étaient absents à ce moment-là, mais l’explosion a endommagé les murs de sa maison. Cet attentat a fait suite à une série de menaces formulées sur Internet contre Min Min, dont certaines l’accusant d’être un « traître » parce qu’il avait évoqué des groupes nationalistes radicaux dans l’État d’Arakan, offrant une récompense financière pour son meurtre et révélant l’adresse de son domicile. Malgré une enquête de police, personne n’a encore été arrêté ou tenu de rendre des comptes.
L’État d’Arakan, dans l’ouest du Myanmar, a été le théâtre de fortes tensions ces dernières années, en particulier depuis que des vagues de violence entre les bouddhistes rakhines, les Rohingyas et d’autres ethnies musulmanes ont éclaté en 2012. La situation demeure instable ; les défenseurs des droits humains et les journalistes font face à de nombreux obstacles, notamment des restrictions de la liberté de mouvement et de l’accès à certains lieux, une surveillance des autorités de l’État et des menaces émanant de groupes nationalistes radicaux et d’acteurs locaux puissants, y compris ceux affiliés à des partis politiques locaux.
Les journalistes et les autres professionnels des médias jouent souvent un rôle crucial en révélant les atteintes aux droits humains perpétrées par des agents de l’État et des acteurs non étatiques puissants. Aux termes du droit international relatif aux droits humains et des normes internationales en la matière, les autorités du Myanmar ont l’obligation de veiller à ce que toutes les personnes puissent exercer leur droit à la liberté d’expression et de fournir les efforts de diligence requise pour protéger les individus des atteintes aux droits humains commises par des acteurs non étatiques. La police doit tout particulièrement enquêter sur les menaces de violence dirigées à l’encontre des professionnels des médias. Faire en sorte que les journalistes et les autres professionnels des médias puissent exercer leurs activités professionnelles sans être harcelés, attaqués, et sans crainte d’être poursuivis en justice et emprisonnés, est une condition essentielle pour la promotion et la protection des droits humains au Myanmar.