Solafa Magdy, Hossam el Sayed et Mohamed Salah sont des journalistes indépendants qui travaillent pour différents médias. Ils font tous trois l’objet d’enquêtes menées par le service du procureur général de la sûreté de l’État, une section spéciale du parquet qui est chargée de poursuivre les auteurs présumés d’infractions relatives à la « sûreté de l’État », dans le cadre de l’affaire n° 488/2019, qui est liée aux manifestations antigouvernementales de mars 2019. Solafa Magdy et Hossam el Sayed ont été libérés à titre provisoire le 14 avril, dans l’attente des conclusions d’une enquête. Solafa Magdy et Mohamed Salah sont sous le coup de charges forgées de toutes pièces d’« adhésion à un groupe terroriste » et de « diffusion de fausses nouvelles », Hossam el Sayed étant pour sa part inculpé d’« appartenance à un groupe terroriste ».
Dans le cadre de la nouvelle affaire (n° 855/2020), le service du procureur général de la sûreté de l’État a inculpé Mohamed Salah d’« adhésion à un groupe terroriste », de « propagation et diffusion de fausses rumeurs » et d’« utilisation des réseaux sociaux à mauvais escient ». Le 16 mars 2021, la détention provisoire de Mohamed Salah a été prolongée de 45 jours en son absence. Outre Mohamed Salah, l’affaire n° 855/2020 met en cause d’autres prisonnières et prisonniers d’opinion, déjà en détention provisoire dans le cadre d’enquêtes distinctes sur des charges infondées liées également au « terrorisme », parmi lesquels la défenseure des droits humains et avocate Mahienour el Masry, la journaliste Esraa Abdelfattah et le défenseur des droits humains et avocat Mohamed el Baqer.
D’après les informations recueillies par Amnesty International, le parquet fonde principalement ses accusations contre Mohamed Salah et les autres prisonniers d’opinion sur les résultats des investigations de l’Agence de sécurité nationale, que les prévenu.es et leurs avocat.es ne sont pas autorisés à examiner. Depuis l’année dernière, il est de plus en plus fréquent que le service du procureur général de la sûreté de l’État contourne les décisions des tribunaux ou du parquet ordonnant la libération de personnes qui se trouvent en détention provisoire prolongée. Pour ce faire, il émet de nouveaux ordres de placement en détention qui concernent des charges similaires.
Depuis que le président Abdel Fattah al Sissi est au pouvoir, les autorités répriment la diffusion d’informations indépendantes et ont bloqué arbitrairement des centaines de sites Internet, perquisitionné et/ou fermé les locaux d’au moins neuf organes de presse et arrêté arbitrairement de nombreux journalistes. L’arrestation de Solafa Magdy, Hossam el Sayed et Mohamed Salah a eu lieu dans le contexte de la répression qui a suivi les manifestations de septembre 2019, la plus vaste à l’égard des voix dissidentes depuis 2014.
Amnesty International a rassemblé des informations montrant que les forces de sécurité égyptiennes avaient procédé à de très nombreuses arrestations de manifestant.es pacifiques, de journalistes, d’avocat.es spécialisés dans la défense des droits humains, de militant.es et de personnalités politiques dans le but de faire taire les voix discordantes et d’empêcher d’autres manifestations. En mai 2021, au moins 28 journalistes étaient derrière les barreaux uniquement pour avoir fait leur métier ou pour avoir exprimé des opinions critiques sur les réseaux sociaux.
La torture et les autres mauvais traitements sont interdits en vertu du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, auquel l’Égypte est partie. Le fait, pour des agents de l’État, d’infliger intentionnellement à une personne « une douleur ou des souffrances aiguës », physiques ou psychologiques, aux fins notamment de la punir, de faire pression sur elle, de l’intimider ou d’obtenir des « aveux », ou pour tout autre motif fondé sur une forme de discrimination, constitue une forme de torture.