Iwacu est l’un des rares organes d’information indépendants à continuer à mener des activités au Burundi. Depuis que la crise a débuté en avril 2015, après l’annonce de la candidature du président Pierre Nkurunziza à un troisième mandat, des journalistes, des défenseur.es des droits humains et des membres de l’opposition ont été pris pour cibles et nombre d’entre eux ont été contraints à l’exil.
L’initiative du président Nkurunziza a déclenché des manifestations de grande ampleur, beaucoup estimant qu’elle était contraire à l’accord d’Arusha, qui a mis fin à une décennie de guerre civile. Cet accord interdisait à quiconque de présider le pays pendant plus de 10 ans. Cette interdiction a également été réaffirmée dans la Constitution de 2005. Les manifestations contre le troisième mandat du président Nkurunziza en 2015 ont été dispersées brutalement par les forces de sécurité et un grand nombre de personnes ont été arrêtées, blessées, torturées voire tuées. Beaucoup ont également « disparu ». Les 13 et 14 mai 2015, un groupe de militaires de haut rang a tenté de renverser le gouvernement du président Nkurunziza. Les locaux de plusieurs médias indépendants, Radio Publique Africaine, Radio Télé Renaissance et Radio Isanganiro, ont été détruits par les forces de sécurité à la suite de ce coup d’État manqué. Ces médias ont été accusés d’avoir des sympathies pour les putschistes et d’avoir diffusé leurs messages.
Antoine Kaburahe, fondateur et directeur d’Iwacu, a également dû quitter le pays après avoir été interrogé par les services du procureur, en décembre 2015, au sujet de ses liens présumés avec des militaires soupçonnés d’être responsables de la tentative de coup d’État des 13 et 14 mai 2015.
Jean Bigirimana, un autre journaliste d’Iwacu, a « disparu » le 22 juillet 2016 et on ignore ce qu’il est advenu de lui. D’après ses collègues, il a été attiré à Bugarama par la promesse d’informations sur une affaire sur laquelle il travaillait. On pense qu’il a été arrêté par le Service national de renseignement (SNR) dans la ville de Bugarama, dans les environs de Bujumbura. Sa famille a dû s’exiler, sa femme ayant reçu des menaces après avoir fait des déclarations publiques au sujet de la disparition forcée de son mari.