Après une seule audience d’une demi-heure dans le cadre du nouveau procès du dirigeant d’opposition Sheikh Ali Salman, la Cour d’appel a prévu de rendre son jugement le 4 décembre. Le tribunal n’a pas examiné les enregistrements complets de ses discours. Cet homme est un prisonnier d’opinion.
Le 6 novembre, Sheikh Ali Salman, le secrétaire général de la Société nationale islamique Al Wefaq, le principal parti d’opposition à Bahreïn, a comparu sous étroite surveillance pour son nouveau procès devant la Cour d’appel de Manama, la capitale. Des représentants des ambassades du Royaume-Uni et des États-Unis ont assisté à ce procès qui n’a duré que 30 minutes. Bien que la Cour de cassation ait jugé que les enregistrements complets des discours de Sheikh Ali Salman devaient être diffusés au tribunal et que ses avocats en aient refait la demande, la Cour d’appel n’a pas examiné ces enregistrements. Le tribunal a refusé de libérer Sheikh Ali Salman sous caution et a prévu de rendre son jugement le 4 décembre.
Sheikh Ali Salman est toujours détenu dans la prison de Jaww.
Le 17 octobre, la Cour de cassation a ordonné que Sheikh Ali Salman soit à nouveau jugé, rejetant ainsi le jugement de la Cour d’appel rendu le 30 mai 2016 qui augmentait la durée de sa peine de prison de quatre à neuf ans. La Cour de cassation s’est appuyée sur le fait que les extraits enregistrés de discours de Sheikh Ali Salman ne constituaient pas des éléments de preuve suffisants contre lui et que les enregistrements auraient dû être présentés au tribunal dans leur version intégrale. Sheikh Ali Salman avait dans un premier temps été condamné le 16 juin 2015 par la Haute Cour criminelle de Manama, à l’issue d’un procès inique, à quatre ans de prison pour plusieurs accusations, parmi lesquelles « insultes publiques envers le ministère de l’Intérieur » et « appel public à enfreindre la loi ».
Le tribunal l’avait acquitté du chef d’accusation d’« incitation à promouvoir la réforme du système politique par la force, la menace ou d’autres moyens illégaux », décision dont le parquet avait fait appel. Ces accusations sont liées à des discours qu’il a prononcés en 2012 et 2014, notamment lors de l’assemblée générale de son parti, au cours de laquelle il avait réaffirmé que l’opposition était déterminée à prendre le pouvoir à Bahreïn par des moyens pacifiques, afin de mettre en œuvre les réformes réclamées par la population lors du soulèvement de 2011 et d’amener les responsables présumés de violations des droits humains à rendre des comptes. Il a également souligné le besoin d’égalité pour tous les Bahreïnites. Son procès en appel a été entaché d’irrégularités.
En septembre 2015, le Groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire a appelé les autorités bahreïnites à libérer Sheikh Ali Salman immédiatement et à lui accorder des réparations satisfaisantes.