Écrire Justice pour un manifestant géorgien torturé

Pour AGIR : copiez-collez le modèle de lettre ci-dessous et envoyez-le par email au Procureur général de la Géorgie : mla@pog.gov.ge et mettez en copie l’adresse de l’Ambassade de la République de Géorgie : geomission.eu@mfa.gov.ge

Vous pouvez aussi personnaliser votre courrier avant de l’envoyer, cela augmentera la probabilité qu’il parvienne aux destinataires. Veillez à ce que votre courrier soit respectueux et persuasif - n’utilisez pas de langage haineux. Expliquez que vous suivrez de près cette campagne et que vous en parlerez à d’autres personnes.

Pour que nous puissions faire un suivi des actions, merci de mettre action@amnesty.be en copie cachée (Cci) de votre mail.

Le militant Saba Skhvitaridze a été arrêté le 5 décembre 2024 après avoir participé à des manifestations antigouvernementales en Géorgie.

Il a été interrogé en l’absence de son avocat, torturé et soumis à d’autres formes de mauvais traitements pendant sa détention. Il est maintenu en détention dans l’attente de son procès et risque d’être condamné à une peine pouvant aller jusqu’à 11 ans d’emprisonnement.

Ses allégations de torture et d’autres mauvais traitements mettant en cause les autorités n’ont pas fait l’objet d’une enquête efficace.

Saba Skhvitaridze, un militant membre du parti politique d’opposition Akhali, critique publiquement le gouvernement et participe activement à des manifestations antigouvernementales et proeuropéennes en Géorgie depuis 2024. Saba Skhvitaridze a été arrêté dans la nuit du 5 décembre 2024 après avoir assisté à une réunion d’un parti d’opposition. Il est accusé d’avoir agressé un policier avec une matraque, lui causant des blessures à la tête.

Les faits se seraient produits quand un groupe d’individus masqués a affronté des militant·e·s et des responsables politiques après la réunion. L’un des hommes masqués a giflé une militante qui avait tenté de lui enlever sa cagoule pour l’identifier. Des affrontements ont ensuite eu lieu quand Saba Skhvitaridze et d’autres militant·e·s sont intervenus pour maîtriser l’homme masqué, qui a ensuite été identifié comme étant un policier. La police n’a procédé à aucune arrestation au cours de la confrontation, mais a arrêté Saba Skhvitaridze le lendemain.

L’arrestation de Saba Skhvitaridze et le traitement qu’il a subi par la suite semblent être des représailles visant à le punir pour avoir participé à des manifestations, et à créer plus largement un effet dissuasif afin de dissuader d’autres personnes de se joindre aux manifestations. Dès le départ, son cas a été marqué par des agissements illégaux et des représailles de la part des autorités étatiques, qui correspondent à une pratique générale consistant à utiliser le système de justice pénale pour réprimer la dissidence.

Saba Skhvitaridze aurait été interpellé sans mandat d’arrêt, n’aurait pas reçu d’explication pour son arrestation et le lieu où il se trouvait aurait été tu pendant plus de cinq heures. Les policiers ont confisqué les téléphones de Saba Skhvitaridze et de son père, les empêchant ainsi d’enregistrer des informations sur l’arrestation et d’accéder à une représentation juridique. Le fait qu’on les ait empêchés d’enregistrer l’arrestation et d’accéder à un avocat met en doute la légalité de l’arrestation de Saba Skhvitaridze et témoigne de tentatives délibérées de l’isoler et de l’intimider.

Pendant sa garde à vue, Saba Skhvitaridze a été battu et menacé parce qu’il aurait agressé un policier. On a fait pression sur lui pour qu’il signe des « aveux » et on lui a refusé l’accès à des soins médicaux malgré ses blessures et des douleurs intenses. Un rapport médico-légal a confirmé que ses blessures correspondaient bien à des actes de torture, mais sa reconnaissance officielle par les autorités en tant que victime de torture a été retardée et aucun progrès n’avais été enregistré après plus de six mois dans l’enquête sur ses allégations de torture et d’autres mauvais traitements.

Saba Skhvitaridze est détenu dans une prison de haute sécurité normalement réservée aux personnes condamnées et à celles qui purgent des peines d’emprisonnement à perpétuité. Il est détenu à l’isolement, sans véritables contacts humains, dans des conditions qui peuvent également s’apparenter à la torture ou à d’autres mauvais traitements, ce qui souligne davantage encore la nature punitive de sa détention.

Son procès a également été entaché de graves violations des garanties d’un procès équitable : alors qu’il portait des blessures visibles et malgré son récit détaillé des actes de torture et des autres mauvais traitements qu’il avait subis, lors de sa première comparution devant le tribunal, le juge n’a pas tenu compte de ces allégations et a ordonné sa détention provisoire à l’issue d’une audience sommaire, sans évaluer dûment les risques ni délibérer sur la proportionnalité, la nécessité ou les mesures de remplacement. Le tribunal a également interdit la présence de journalistes et de membres du public avant de rendre sa décision.

Le tribunal n’a pas non plus tenu compte des fortes incohérences dans l’argumentaire de l’accusation, notamment en ce qui concerne les déclarations des témoins, les protocoles de police et les rapports médicaux. La défense de Saba Skhvitaridze a également déploré le fait qu’elle n’avait pas pu procéder à un réel contre-interrogatoire des témoins des forces de l’ordre, qui ont à plusieurs reprises éludé les questions dans le but de compromettre la capacité de la défense à contester les preuves.

Alors que Saba Skhvitaridze est toujours incarcéré et fait l’objet de poursuites pénales pour avoir prétendument infligé des blessures à un policier, aucun agent des forces de l’ordre n’a été identifié, n’a fait l’objet d’une enquête ni n’a été présumé responsable des actes de torture et des autres mauvais traitements allégués.

Le traitement réservé à Saba Skhvitaridze illustre les violations systémiques du droit à un procès équitable, notamment avec le recours à la torture et à d’autres formes de mauvais traitements, pour engager des poursuites contre des manifestant·e·s à des fins de punition et d’intimidation. Son cas est représentatif d’un vaste ensemble de pratiques consistant à utiliser à mauvais escient le système de justice pénale en Géorgie, où les agents des forces de l’ordre accusés d’avoir utilisé la force de manière illégale, y compris pour torturer et maltraiter d’une autre façon les manifestant·e·s, jouissent de l’impunité alors que des manifestant·e·s sont torturés, poursuivis et incarcérés dans le cadre de procès iniques.

J'agis

PASSEZ À L’ACTION : ENVOYEZ UN APPEL EN UTILISANT VOS PROPRES MOTS OU EN VOUS INSPIRANT DU MODÈLE DE LETTRE CI-DESSOUS

Monsieur le Procureur général,

Je vous écris pour vous faire part de mes graves inquiétudes au sujet des allégations selon lesquelles le militant Saba Skhvitaridze, qui a été arrêté le 5 décembre 2024 après avoir participé à une manifestation contre le gouvernement, a été soumis à la torture et à d’autres mauvais traitements. Il a été battu par des policiers et privé d’accès à une représentation juridique et à des soins médicaux.

Son arrestation et son procès ont été entachés de violations des garanties d’un procès équitable. Les policiers n’ont pas expliqué les raisons de son arrestation et ont refusé d’activer leurs caméras corporelles alors même que la législation géorgienne les y contraints. Ils ont également confisqué les téléphones portables de Saba Skhvitaridze et de son père pour l’empêcher de contacter son avocat, puis l’ont interrogé en l’absence de ce dernier. Le lieu où il avait été emmené n’a été révélé à sa famille et à son avocat que cinq heures plus tard, après son interrogatoire.

Saba Skhvitaridze a indiqué que, pendant sa garde à vue, il a été menacé de viol et on a voulu lui faire signer des « aveux » indiquant qu’il avait agressé un policier. Comme il a refusé de le faire, des agents masqués l’ont violemment battu, le frappant continuellement à la tête et sur les côtes pendant une dizaine de minutes, tentant de lui casser le bras et lui faisant perdre connaissance par intermittence. Les policiers se sont ensuite moqués de lui et n’ont tenu aucun compte de sa demande d’accès à un avocat et à des soins médicaux, alors que ses blessures lui causaient de fortes douleurs et des nausées.

Malgré les blessures visibles que Saba Skhvitaridze présentait lors de l’audience préliminaire du lendemain, le ministère public a refusé d’ouvrir une enquête sur ses allégations de torture et d’autres mauvais traitements. Les autorités n’ont ouvert une enquête que quelques jours plus tard, après qu’un examen médical indépendant eut confirmé que ses blessures correspondaient bien à des actes de torture. Cependant, le juge a ordonné son placement en détention provisoire dans l’attente du procès, sans justifier la nécessité ni la proportionnalité de sa décision.

Saba Skhvitaridze fait partie des centaines de personnes en Géorgie qui ont été torturées ou soumises à d’autres formes de mauvais traitements par les forces de l’ordre lors de manifestations pacifiques. Il est toujours détenu dans une prison de haute sécurité et risque une peine pouvant aller jusqu’à onze ans d’emprisonnement, alors que ses allégations de torture et d’autres mauvais traitements n’ont pas fait l’objet d’une enquête digne de ce nom.

Je vous demande instamment de veiller à ce qu’une enquête efficace, impartiale et indépendante, soit menée dans les meilleurs délais sur les allégations de torture et d’autres mauvais traitements formulées par Saba Skhvitaridze, et de veiller à ce que tous les responsables présumés soient déférés à la justice dans le cadre d’une procédure équitable. Je vous demande également de veiller à ce que Saba Skhvitaridze soit jugé conformément aux normes internationales relatives à l’équité des procès, et à ce que toute déclaration et tout autre élément de preuve obtenu au moyen de la torture ou d’autres mauvais traitements soient exclus de toute procédure, à l’exception de celles engagées contre les auteurs présumés de ces abus

Veuillez agréer, Monsieur le Procureur général, l’expression de ma haute considération.

LANGUE À PRIVILÉGIER POUR LA RÉDACTION DE VOS APPELS : géorgien, anglais
Vous pouvez également écrire dans votre propre langue.


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