Le gouvernement nigérian a émis une directive ordonnant à tous les États du pays de mettre en place des commissions d’enquête judiciaires pour mener des investigations sur les plaintes visant la Brigade spéciale de répression des vols (SARS). Le 19 octobre 2020, la commission chargée d’enquêter sur les événements survenus à Lekki et à Alausa le 20 octobre 2020 est entrée en fonctions dans l’État de Lagos. Cependant, les représentants du gouvernement et l’armée continuent à nier que quiconque ait été tué pendant les manifestations, tout en réaffirmant leur détermination à sanctionner les dirigeant·e·s du mouvement #EndSARS contre les violences policières.
L’armée nigériane a dissous l’équipe juridique qu’elle avait formée pour la Commission judiciaire de l’État de Lagos, se retirant du processus d’investigation alors que de nouveaux éléments de preuve font surface et confirment que des soldats nigérians ont tiré sur des manifestant·e·s pacifiques en octobre 2020. Auparavant, l’armée nigériane avait admis avec réticence qu’elle se trouvait sur les lieux de la fusillade de Lekki, ce qu’elle avait initialement démenti. Toutefois, elle a nié avoir ouvert le feu sur les manifestant·e·s, dont beaucoup étaient assis par terre et chantaient l’hymne national. Elle affirme que des militaires ont été envoyés pour faire respecter un couvre-feu imposé par les autorités de l’État de Lagos, mais qu’ils n’ont pas ouvert le feu sur les manifestant·e·s pacifiques.
Le 23 janvier 2021, l’armée nigériane, pour la troisième fois, n’a pas honoré la convocation aux fins de comparution que la commission judiciaire avait adressée à ses responsables. L’armée nigériane s’est également abstenue de présenter les militaires impliqués dans les tirs ayant visé des manifestant·e·s.
Au lieu de traduire les responsables présumés en justice et d’accorder la priorité à une véritable réforme de la police, les autorités nigérianes ont abusé de leurs pouvoirs en soumettant les personnes qui soutenaient les manifestations à des campagnes d’intimidation, de harcèlement et de dénigrement. Amnesty International et les militant·e·s des droits humains au Nigeria continueront à demander, au travers d’actions de campagne, que justice soit rendue et que l’obligation de rendre des comptes soit respectée.