Zeynab Jalalian, une Kurde iranienne qui purge une peine de réclusion à perpétuité prononcée à l’issue d’un procès inique, risque de perdre la vue. Bien que sa pathologie oculaire s’aggrave, les autorités continuent de la priver de soins médicaux spécialisés dont elle a besoin, notamment d’une opération urgente.
Zeynab Jalalian, une Kurde iranienne de 34 ans, risque de perdre la vue car elle est privée des soins médicaux spécialisés alors que sa pathologie oculaire s’aggrave. Elle souffre également d’une mycose buccale, d’infections intestinales et rénales, ainsi que de saignements anormaux dans les urines. Les autorités lui refusent la possibilité de consulter un ophtalmologue ou d’être transférée vers un hôpital pour une opération des yeux, dont elle a besoin de toute urgence ; elles se sont contentées de lui fournir des gouttes. Elles ont également refusé ses demandes répétées de permission de sortie pour raisons médicales. Selon son avocat, certaines de ses demandes ont été rejetées immédiatement, tandis que d’autres ont été acceptées à la condition qu’elle fasse des « aveux » filmés. Une fois, Zeynab Jalalian a indiqué que la direction de la prison lui avait dit qu’elle devrait se soumettre à un test de virginité avant de pouvoir bénéficier de soins médicaux. Priver une personne de soins médicaux en vue de lui occasionner une douleur ou une souffrance aiguë et de la contraindre ainsi à « avouer » s’apparente à un acte de torture aux termes du droit international.
Zeynab Jalalian purge une peine de réclusion à perpétuité à la prison de Khoy, dans la province de l’Azerbaïdjan occidental (nord-ouest de l’Iran). Elle a été arrêtée en mars 2008 en raison de ses activités sociales et politiques en faveur du droit des Kurdes à l’autodétermination et de ses liens avec la branche politique du Parti pour une vie libre au Kurdistan (PJAK), un groupe d’opposition kurde doté également d’une branche armée. Pendant huit mois, elle a été détenue à l’isolement et privée d’avocat. Elle affirme que des agents du renseignement l’ont torturée – ils lui ont notamment fouetté la plante des pieds, donné des coups de poing au ventre et cogné la tête contre un mur – et ont menacé de la violer. Elle a ensuite été condamnée à mort pour « inimitié à l’égard de Dieu » (mohareb). Son procès, inique, n’a duré que quelques minutes. Le tribunal révolutionnaire de la province de Kermanshah l’a déclarée coupable d’avoir « pris les armes contre l’État », malgré l’absence totale de preuves la liant aux activités armées du PJAK. Sur la base de son « appartenance présumée à la branche politique du PJAK » et de son déménagement entre l’Iran et l’Irak, le tribunal a supposé qu’« elle pouvait avoir été impliquée dans des activités terroristes mais s’abstenait de dire la vérité ». La peine de mort prononcée contre Zeynab Jalalian a finalement été commuée en réclusion à perpétuité. En avril 2016, le Groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire a publié une opinion, dans laquelle il appelait les autorités à libérer immédiatement Zeynab Jalalian et à lui accorder un droit contraignant à des réparations.