Yousef Kakehmami, fermier kurde d’Iran, qui purge déjà une peine de neuf ans d’emprisonnement après deux procès inéquitables, a été condamné à cinq années de prison supplémentaires pour avoir écrit une lettre au rapporteur spécial des Nations unies sur la situation des droits de l’homme en République islamique d’Iran.
Yousef Kakehmami est un fermier appartenant à la minorité kurde d’Iran. Il purge actuellement une peine de neuf ans d’emprisonnement à la prison centrale d’Orumiyeh, dans la province de l’Azerbaïdjan occidental. Le département pénitentiaire du Bureau d’application des peines lui a annoncé le 18 janvier qu’il avait été condamné à cinq années de prison supplémentaires pour avoir « agi contre la sécurité nationale en collaborant avec le PJAK » (Parti pour une vie libre au Kurdistan). Il avait été jugé le 12 janvier lors d’un procès inique devant la première chambre du tribunal révolutionnaire de Mahabad, au cours d’une audience unique et en l’absence de tout avocat. Le tribunal ne lui a pas fourni d’avocat commis d’office, contrairement à ce qui avait été annoncé avant le début du procès, et le jugement ne lui a pas été signifié par écrit. Yousef Kakehmami avait déjà été condamné pour le même motif à l’issue de deux autres procès inéquitables en 2006 et 2008, et s’était vu infliger des peines de respectivement trois ans et six ans d’emprisonnement.
Courant 2015, Yousef Kakehmami, 38 ans, a été présenté à plusieurs reprises, sans avocat, à la sixième chambre du parquet d’Orumiyeh, qui l’a interrogé sur des chefs d’accusation d’une toute autre nature. On lui a dit qu’il était inculpé de « diffusion de propagande contre le système » et de « communication avec des organisations et des médias internationaux », et on lui a posé des questions sur une lettre qu’il avait écrite en mars 2015 à Ahmed Shaheed, rapporteur spécial des Nations unies sur la situation des droits de l’homme en République islamique d’Iran. Dans cette lettre, il détaillait son récent transfert dans un centre de détention géré par les Gardiens de la révolution, où il disait avoir subi des actes de torture et d’autres mauvais traitements. En avril 2015, Yousef Kakehmami a aussi été conduit dans un bureau du ministère du Renseignement à Orumiyeh pour y être interrogé sur ces mêmes accusations. Or, quand il a comparu devant le tribunal le 12 janvier 2016, il a découvert qu’il était jugé une nouvelle fois pour avoir « agi contre la sécurité nationale en collaborant avec le PJAK ».
Bien que le chef d’accusation ait changé, les magistrats du parquet ont utilisé sa lettre au rapporteur spécial comme preuve à charge, et le juge l’a interrogé sur ses communications avec des organisations de défense des droits humains. Il semble que sa dernière condamnation soit survenue en représailles de sa tentative de communiquer avec les mécanismes de défense des droits humains de l’ONU. Son recours sera examiné le 16 avril par deuxième chambre de la cour d’appel d’Orumiyeh.