Écrire Libérez de jeunes militants et enquêtez sur des allégations de torture

Les jeunes militants azerbaïdjanais Bayram Mammadov et Giyas Ibrahimov sont détenus depuis le 10 mai et accusés de possession de stupéfiants après avoir peint un graffiti à caractère politique sur une statue de l’ancien président. Bayram Mammadov a entamé une grève de la faim le 20 mai pour protester contre le fait qu’aucune enquête n’a été ouverte sur les actes de torture que Giyas Ibrahimov et lui auraient subis.

Les jeunes militants azerbaïdjanais Bayram Mammadov et Giyas Ibrahimov sont détenus depuis le 10 mai et accusés à tort de possession de stupéfiants. Ils ont été arrêtés après avoir peint un graffiti à caractère politique sur une statue d’Heydar Aliyev, président défunt de l’Azerbaïdjan et père du président en exercice, Ilham Aliyev, le 9 mai et en avoir publié une photo sur Facebook.

Bien qu’ils aient été interpellés prétendument pour possession de stupéfiants, Bayram Mammadov et Giyas Ibrahimov n’ont été interrogés qu’au sujet du graffiti. Ils ont été torturés parce qu’ils avaient refusé de signer des « aveux » et de s’excuser publiquement de leur acte de protestation. Leur avocat, qui a pu les voir et constater leurs blessures, a diffusé une lettre dans laquelle Bayram Mammadov décrivait son calvaire : il a notamment été passé à tabac à maintes reprises et menacé de viol. Le 20 mai, Bayram Mammadov a entamé une grève de la faim car les autorités refusaient d’enquêter sur les allégations de torture formulées par Giyas Ibrahimov et lui.

L’avocat de ces deux hommes a demandé qu’ils soient assignés à résidence plutôt que placés en détention provisoire mais n’a pas obtenu gain de cause. Bayram Mammadov et Giyas Ibrahimov ne sont pas autorisés à voir leur famille.

Ce sont des prisonniers d’opinion, interpellés pour des motifs controuvés parce qu’ils ont posé publiquement un acte de protestation à caractère politique.

Dans la nuit du 9 mai, Bayram Mammadov et Giyas Ibrahimov se sont rendus au pied de la statue de Heydar Aliyev située dans le centre de Bakou, la capitale. Giyas Ibrahimov y a peint un graffiti à caractère politique, dans un langage cru. Bayram Mammadov a pris une photo, qu’il a publiée sur Facebook.

Les deux jeunes gens ont été arrêtés le 10 mai. Des policiers les ont interrogés au sujet du graffiti et leur ont ordonné à maintes reprises de s’excuser publiquement d’avoir insulté Heydar Aliyev. Se heurtant à un refus, ils les ont passés à tabac et leur ont fait subir d’autres mauvais traitements. Ils les ont également forcés à nettoyer les toilettes du poste et les ont filmés pendant qu’ils le faisaient, dans le but de les humilier.

Des délégués du Groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire ayant rendu visite à Bayram Mammadov et Giyas Ibrahimov ont confirmé aux médias locaux le 25 mai que les deux militants présentaient des ecchymoses sur le corps.

D’après les autorités azerbaïdjanaises, Bayram Mammadov et Giyas Ibrahimov avaient environ huit grammes d’héroïne en leur possession lorsque la police les a interpellés le 10 mai. Selon l’avocat des jeunes gens, en revanche, la drogue a été placée sur eux en présence de « témoins » qui n’étaient pas indépendants puisqu’ils travaillaient pour la police. Amnesty International a déjà dénoncé cette pratique en Azerbaïdjan. Elle sert à forger de toutes pièces des « preuves » contre des détracteurs du régime, notamment des militants politiques et des défenseurs des droits humains, afin de justifier leur arrestation et leur incarcération.

Depuis longtemps, Amnesty International s’inquiète du fait que le gouvernement azerbaïdjanais ne respecte pas ses obligations internationales en matière de protection des droits aux libertés d’expression, d’association et de réunion pacifique. Les personnes qui, dans le pays, expriment des opinions dissidentes sont fréquemment la cible d’accusations forgées de toutes pièces, d’agressions, de harcèlement, de chantage ou d’autres représailles de la part des autorités et des groupes qui leur sont liés. Les responsables de l’application des lois recourent régulièrement à la torture et à d’autres formes de mauvais traitements contre des militants de la société civile, en toute impunité.

Le 25 mai, la Cour suprême a ordonné la libération conditionnelle de Khadija Ismayilova, journaliste d’investigation de premier plan et prisonnière d’opinion. En mars 2016, l’Azerbaïdjan a libéré huit prisonniers d’opinion, notamment l’avocat spécialiste des droits humains Intigam Aliyev, le défenseur des droits humains Rasul Jafarov, et le président de l’organisation locale de surveillance électorale, Anar Mammadli.

Cependant, au moins six prisonniers d’opinion sont toujours en détention et les représailles incessantes rendent le travail de défense des droits humains pratiquement impossible. La plupart des principales organisations non gouvernementales (ONG) travaillant sur les droits humains, la corruption et la surveillance électorale font l’objet de poursuites pénales et voient leurs comptes bancaires gelés et/ou leur inscription révoquée.

Il est de plus en plus difficile de surveiller de façon indépendante la situation des droits humains dans ce pays. Plusieurs organisations internationales de défense des droits humains et médias internationaux se sont vu refuser l’entrée sur le territoire en 2015. C’est ce qui est arrivé le 7 octobre 2015 à la délégation d’Amnesty International, qui a dû repartir de l’aéroport international Heydar Aliyev de Bakou.

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