Les autorités éthiopiennes ont arrêté arbitrairement plusieurs manifestants pacifiques, journalistes et dirigeants de partis de l’opposition dans le cadre d’une répression brutale des manifestations qui ont lieu depuis novembre dernier dans la région d’Oromia. Ces personnes risquent de subir des actes de torture et d’autres mauvais traitements, et doivent être relâchées immédiatement et sans condition.
Le 18 décembre 2015 vers 14 heures, Diribie Erga, 60 ans, a été arrêtée arbitrairement chez elle à Ambo, dans la région d’Oromia en Éthiopie, par des membres des forces de sécurité en civil et des policiers fédéraux qui ont fouillé son domicile. Cette femme a représenté le district de Jeldu au parlement fédéral de 2005 jusqu’à sa démission du poste de dirigeante du parti du Congrès fédéraliste oromo (OFC) en 2010.
Les agents qui l’ont appréhendée n’ont montré aucun mandat de perquisition ou d’arrêt. Elle est actuellement détenue au Centre d’enquête de la police fédérale (également appelé Maekelawi) à Addis-Abeba, sans pouvoir communiquer avec un avocat ou sa famille. Son arrestation n’a pas encore été examinée par un tribunal compétent. Cette femme a besoin de soins médicaux car elle souffre d’asthme, d’hypertension et de troubles rénaux. Sa famille s’est vu empêcher de lui fournir les médicaments et la nourriture nécessaires.
Diribie Erga a déjà été arrêtée arbitrairement par des membres des forces de sécurité et de la police. En 2004, alors candidate OFC au parlement fédéral, elle a été appréhendée au palais d’Ambo, où elle a été frappée.
Sa dernière arrestation en date s’inscrit dans le cadre d’une répression menée par le gouvernement éthiopien contre les manifestations organisées depuis novembre dans la région d’Oromia pour dénoncer le Grand programme gouvernemental, qui prévoit d’intégrer des portions de cette région à la capitale Addis-Abeba. Le 15 décembre, le gouvernement a qualifié les contestataires de « terroristes » et réagi plus violemment aux défilés. Un grand nombre de manifestants, dirigeants de partis de l’opposition et journalistes ont été arrêtés, et plusieurs sont morts ou ont été blessés. Bekele Gerba, vice-président de l’OFC, Getachew Shiferaw, rédacteur en chef du journal en ligne Negere Ethiopia, Yonathan Teressa, militant en ligne, et Fikadu Mirkana, journaliste à Oromia Radio et TV, font partie des personnes appréhendées.
Amnesty International les considère comme des prisonniers d’opinion, incarcérés seulement pour avoir exercé leur droit à la liberté d’expression. Ils risquent d’être victimes de torture et d’autres mauvais traitements.