Le traité de Simulambuco a été signé le 1er février 1885. Il a conféré à Cabinda le statut de protectorat de la couronne portugaise. Le Cabinda est une bande de terre enclavée entre la République démocratique du Congo et le Congo. Cette province est reconnue sur le plan international comme faisant partie de l’Angola, et produit la majorité du pétrole exporté par ce pays. Des groupes séparatistes réclament l’indépendance ou l’autonomie de Cabinda depuis plus de 20 ans. Les tentatives de négociations entre le gouvernement angolais et les représentants des groupes séparatistes de Cabinda ont jusqu’à présent échoué.
Le 7 janvier 2019, le secrétaire du Mouvement pour l’indépendance de Cabinda (MIC) a envoyé un message à João Manuel Gonçalves Lourenço, le président de la République d’Angola, en mettant en copie le gouvernement de la province de Cabinda, le commandement des services de police de la province, le procureur de la République, les partis politiques angolais et d’autres représentants des autorités, afin de les informer de la tenue d’une manifestation pacifique prévue pour le 1er février. Le MIC a demandé à la police angolaise d’être présente à la manifestation afin de garantir la sécurité des participant·e·s.
Le 28 janvier, les forces angolaises de sécurité ont arrêté huit jeunes militant·e·s du MIC à leur domicile, dans la province de Cabinda, en Angola. Ces personnes préparaient des tracts en prévision de la manifestation pacifique du 1er février.
Le lendemain, 18 personnes, parmi lesquelles des membres des familles et des collègues des jeunes militant·e·s appréhendés, ont été arrêtées par la police alors qu’elles menaient une action de protestation pacifique devant le bâtiment du Service des enquêtes criminelles, à Cabinda, afin de réclamer la libération de leurs proches. Des manifestant·e·s sont descendus dans les rues de Cabinda le 1er février afin de commémorer le 134e anniversaire de la signature du traité de Simulambuco et de réitérer les appels en faveur de l’indépendance de Cabinda vis-à-vis de l’Angola. Ils réclamaient également la libération des personnes arrêtées précédemment. La police a arrêté 32 manifestant·e·s ce jour-là. Le 12 février, elle a arrêté un autre militant pour sa participation présumée à cette même manifestation.
Par ailleurs, Amnesty International est préoccupée par le recours excessif à la force de la police et par l’arrestation arbitraire des manifestant·e·s. Le 1er mars, des militant·e·s du MIC et des proches des 50 manifestant·e·s détenus devaient manifester sur la place du 1er mai à Cabinda pour demander leur libération. La police est arrivée avant le début de la manifestation et a commencé à attaquer les manifestant·e·s, leur infligeant coups de pied et de poing. Elle a arrêté 11 personnes, libérées quelques heures plus tard sans inculpation. Sept d’entre elles ont été hospitalisées en raison des violences de la police et sont rentrées chez elles le lendemain.
Plusieurs manifestant·e·s ont affirmé avoir été victimes de mauvais traitements aux mains des policiers, lors de leur arrestation et en prison.
Le 27 février, un juge du tribunal de Cabinda a ordonné la libération provisoire de 13 personnes détenues, statuant que leur arrestation à leur domicile sans mandat était illégale. Le 19 avril, ce juge a ordonné la libération provisoire de 40 autres personnes, à condition qu’elles se présentent au tribunal tous les 15 jours.