Écrire Des manifestantes et manifestants arrêtés à l’occasion de l’anniversaire du coup d’état militaire

Quinze militantes et militants font l’objet de poursuites pénales et encourent jusqu’à sept ans d’emprisonnement pour avoir participé à une manifestation pacifique en faveur de la démocratie le 22 mai 2018 à Bangkok. Ces personnes sont poursuivies pour diverses infractions, notamment pour sédition et pour avoir enfreint une interdiction répressive des réunions politiques pacifiques.

Rangsiman Rome, Sirawit Serithiwat, Piyarat Chongthep, Nikorn, Wiset, Nattha Mahattana, Anon Numpa, Ekkachai Hongkangwan, Chonthicha Jaengrew, Chokchai Paiboonratchata, Kiri Khanthong, Putthaising Pimchan, Wiroj Trong-ngamrak et deux autres personnes font l’objet de poursuites pénales pour neuf à 11 infractions distinctes, notamment pour sédition, en raison de leur participation à une manifestation pacifique le 22 mai 2018. Si ces personnes sont déclarées coupables, elles encourent jusqu’à sept ans d’emprisonnement. Appelant à l’organisation d’élections législatives en Thaïlande en novembre 2018, elles ont participé à une manifestation pacifique organisée dans le centre de Bangkok à l’occasion de la date anniversaire de la prise du pouvoir par l’armée.

Les manifestantes et manifestants prévoyaient de marcher de l’Université Thammasat jusqu’aux bâtiments abritant les bureaux du Premier ministre.
Les jours précédant la manifestation, les autorités, dans le but manifeste d’empêcher sa tenue, ont pris de nombreuses mesures pour harceler et intimider les personnes qui souhaitaient y participer ; ainsi, elles ont notamment arrêté un couple qui louait des systèmes de sonorisation dans un camp militaire.

Le 22 mai, la police a bloqué les personnes qui manifestaient au moyen d’une barrière pour les empêcher d’accéder à la route principale, et a diffusé une musique de série télévisée par haut-parleur pour couvrir les discours des leaders de la manifestation. Les autorités ont arrêté cinq personnes qui avaient commencé à marcher en direction des bureaux du Premier ministre, puis dix autres leaders et participants.

Ces 15 personnes sont poursuivies pour toute une série d’infractions, notamment pour sédition, pour avoir enfreint une interdiction officielle des rassemblements « politiques » de cinq personnes ou plus, et pour des infractions à la Loi sur la circulation routière et à la Loi de 2015 relative aux rassemblements publics, qui impose des restrictions excessives aux rassemblements publics pacifiques. Elles doivent comparaître en justice le 11 juillet 2018.

Quatre ans après l’instauration de la loi martiale et la prise du pouvoir par l’armée thaïlandaise à la faveur d’un coup d’État, les autorités militaires au pouvoir continuent à bafouer toute une série de droits humains, notamment en réprimant fortement l’exercice pacifique des droits aux libertés d’expression, d’association et de réunion. Les personnes qui dénoncent le coup d’État ou diffusent des documents que les autorités jugent offensants pour la monarchie sont soumises à des arrestations et des poursuites arbitraires au titre des décrets et des lois adoptés par le gouvernement militaire, ainsi que des lois déjà en vigueur avant le putsch qui soumettent l’exercice de ces droits à des restrictions interdites par le droit international relatif aux droits humains.

Au nom de la protection de la sécurité et de la monarchie, les autorités prennent pour cible par le biais de poursuites judiciaires les opposants politiques présumés et les personnes critiques, ou perçues comme telles, à l’égard de leur projet politique. Elles utilisent de plus en plus l’article 116 du Code pénal, qui érige la sédition en infraction, pour s’en prendre à un nombre croissant de personnes qu’elles considèrent comme des dissidents (notamment des personnes qui, dans le cadre de leur métier, protègent des opposants pacifiques ou font état de leur situation), et traitent comme des infractions un nombre de plus en plus grand d’activités relevant de l’exercice pacifique des droits humains. Bien qu’elles aient initialement promis que les restrictions apportées auraient un caractère temporaire, les autorités ne manifestent aucune intention de les lever.

Le régime militaire au pouvoir, le Conseil national pour la paix et l’ordre (CNPO), continue à restreindre la liberté d’expression de manière arbitraire et généralisée, à l’heure où il met en place une feuille de route politique pour les prochaines élections, annoncées pour 2018 mais dont le report à début 2019 est désormais envisagé. Les autorités thaïlandaises continuent à arrêter, poursuivre et incarcérer arbitrairement des personnes, à empêcher ou à censurer des réunions et des manifestations publiques et à étouffer la dissidence pacifique par d’autres moyens. Des agents en uniforme et en civil « rendent visite » à des personnes pour les dissuader de manifester pacifiquement.

À la suite du coup d’État de 2014, l’armée et le ministère de l’Éducation ont ordonné au personnel des universités de surveiller les faits et gestes des étudiants qui critiquaient les autorités militaires et d’interdire ou de restreindre fortement l’engagement des étudiants dans des activités politiques. Dans tout le pays, des militaires armés ont « rendu visite » à des enseignants et des hauts responsables d’universités pour leur ordonner de veiller à ce qu’aucune activité politique ne se déroule dans leur établissement.

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