Le 1er octobre 2018, environ 900 ouvriers de Sumifru ont déclaré une grève pour protester contre leurs conditions de travail, par le biais de Nagkahiusang Mamumuo sa Suyapa Farms (Namasufa), leur syndicat dûment reconnu. Alors que la grève se prolonge, les ouvriers grévistes ont subi des menaces et des agressions, notamment la dispersion violente de manifestants devant la plantation du Val de Compostelle (sud des Philippines) le 11 octobre 2018, le meurtre d’un membre du service d’ordre du syndicat le 31 octobre 2018 et l’incendie des bureaux du syndicat et des logements de certains de ses membres le 15 décembre 2018.
Les ouvriers accusent l’entreprise de ne pas régulariser ses employés et de pratiquer la contractualisation (emplois courts et à durée déterminée utilisés par les employeurs). Cela signifie que les salariés n’ont pas de sécurité d’occupation, ce qui est illégal aux termes de la législation des Philippines. Les ouvriers lui reprochent également d’avoir mis en place un système de paiement à la pièce, qui réduirait leur salaire à la moitié du salaire minimum selon eux, et de ne pas avoir négocié une convention collective avec leur syndicat. Sumifru nie ces allégations.
Le 6 octobre 2018, un tribunal philippin a refusé la requête de Sumifru en vue de chasser les manifestants de leurs piquets de grève dans la plantation de bananes que possède l’entreprise dans le Val de Compostelle. Celle-ci a affirmé lors de sa requête que la grève lui avait fait perdre 38 millions de pesos philippins (plus de 700 000 dollars américains).
Le 27 décembre 2018, le ministère du Travail philippin a organisé une conférence sur le travail entre les ouvriers et des représentants de Sumifru pour résoudre le litige, mais ces derniers ne sont pas venus. Une seconde conférence s’est tenue le 4 janvier 2019. D’après John Paul Dizon, le président du syndicat, Sumifru a alors répété qu’elle prévoyait de ne régulariser qu’environ 140 ouvriers, les premiers membres du syndicat lors de sa création en 2008. Une troisième conférence sera organisée en janvier 2019, à une date pour l’instant indéterminée.
Le 27 novembre 2018, environ 300 ouvriers de Sumifru se sont rendus à Manille, où ils vivent depuis lors dans des camps de fortune près du ministère du Travail.
Au titre du droit international, les Philippines ont le devoir de garantir les droits au travail et à des conditions de travail justes et favorables. Cela inclut le droit à un salaire équitable, le droit de créer et de rejoindre un syndicat, ainsi que le droit de grève.
Les États ont l’obligation de respecter et de protéger les droits humains dans le cadre des activités des entreprises par la réglementation, le contrôle, les enquêtes, les jugements et les sanctions. Cette obligation s’étend au-delà des frontières (extraterritoriale), où les États peuvent maîtriser ou influencer la conduite des entreprises présentes sur leur territoire ou dans leur juridiction. Les obligations des États se fondent sur les traités relatifs aux droits humains qu’ils ont ratifiés, ainsi que sur d’autres normes internationales.
Toutes les entreprises ont la responsabilité de respecter tous les droits humains dans les lieux où elles interviennent, tout au long de leurs opérations et de leurs chaînes d’approvisionnement. Cette responsabilité est indépendante des obligations de l’État en matière de droits humains. La responsabilité de respecter les droits humains repose sur les Principes directeurs de l’ONU relatifs aux entreprises et aux droits de l’homme.
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