Le 30 août 2019, l’Association des médecins hospitaliers du Zimbabwe (ZHDA) a notifié au ministre de la Santé et des Soins infantiles et au secrétaire permanent à la Santé que les médecins de tout le pays cesseraient le travail à compter du 3 septembre. Elle dénonçait des salaires insuffisants et l’impossibilité d’obtenir des engagements de la part de leur employeur. La lettre était signée de Peter Magombeyi, en qualité de président par intérim de la ZHDA. Cet homme a ensuite reçu des menaces de la part de membres présumés de l’Organisation centrale de renseignement (CIO), y compris un avertissement selon lequel il serait enlevé s’il continuait à organiser la grève. Sur une capture d’écran où apparaissait un numéro local, on pouvait lire (en substance) : « On vous aura prévenu. Continuez à vous entêter. Vous serez pris dans un tourbillon. Nous nous rapprochons. »
Les médecins du Zimbabwe, qui gagnent l’équivalent d’une quarantaine de dollars des États-Unis par mois, font grève pour réclamer des salaires plus élevés, un meilleur matériel et davantage de médicaments dans les hôpitaux publics. Le système de santé public s’est dégradé ces dernières années du fait d’une mauvaise gestion. Les médecins dénoncent sans cesse le manque de fournitures médicales, le financement insuffisant du secteur de la santé et les mauvaises conditions de travail. Peter Magombeyi est persécuté pour avoir réclamé des salaires plus élevés.
Le 14 septembre, il a été enlevé à son domicile de Budiriro, une banlieue de Harare, vers 22 heures par trois inconnus armés. On ignore tout du sort de cet homme et de l’endroit où il se trouve. Après l’enlèvement, l’organisation de défense des droits humains Avocats du Zimbabwe pour les droits humains a déposé une requête en habeas corpus auprès de la Haute Cour. Celle-ci a ordonné au ministre de l’Intérieur et au ministre d’État chargé de la sécurité nationale d’établir où se trouve Peter Magombeyi et de constituer une équipe d’enquêteurs pour le chercher. Il a également été demandé à ces ministres de rendre publiques les informations concernant la disparition du président de la ZHDA.
Tous les médecins ont cessé le travail et rejoint le mouvement de protestation pour réclamer la libération de Peter Magombeyi.