Ahmadreza Djalali, ressortissant iranien installé en Suède, professeur d’université, a été condamné à mort pour « corruption sur terre » à l’issue d’un procès manifestement inique. Sa condamnation repose sur des « aveux » entachés de torture qu’il a été contraints de faire pendant qu’il était détenu à l’isolement sans pouvoir consulter son avocat ni communiquer avec sa famille.
Ressortissant iranien installé en Suède, Ahmadreza Djalali, scientifique, médecin et professeur d’université, a été condamné à mort et à une amende de 200 000 euros pour « corruption sur terre » (efsad-e fel-arz) à l’issue d’un procès manifestement inique devant la 15e chambre du tribunal révolutionnaire de Téhéran. Selon le jugement du tribunal, Ahmadreza Djalali avait travaillé comme espion pour le compte d’Israël dans les années 2000. Selon l’un de ses avocats, le parquet n’a présenté aucun élément permettant d’étayer les accusations portées à son encontre. Le tribunal n’a pas non plus fourni de copie du jugement, mais a convoqué l’un des avocats le 21 octobre 2017 pour lire le verdict devant la cour.
Ahmadreza Djalali, qui a donné des cours dans des universités en Belgique, en Italie et en Suède, était en voyage en Iran pour des raisons professionnelles quand il a été arrêté par des agents du ministère du Renseignement, en avril 2016. Sa famille n’a pas été informée du lieu où il se trouvait pendant les 10 premiers jours qui ont suivi son arrestation. Il a été détenu dans un lieu inconnu pendant une semaine avant d’être transféré à la section 209 de la prison d’Evin, à Téhéran, où il a passé sept mois, dont trois à l’isolement. Selon son témoignage, pendant qu’il était détenu à l’isolement, il n’a pas été autorisé à consulter son avocat et a été contraint de faire des « aveux » devant une caméra et de lire des déclarations préécrites par les agents chargés de l’interroger. Il assure avoir subi une pression intense, les agents l’ayant notamment soumis à la torture et à des mauvais traitements, et ayant menacé de l’exécuter, d’exécuter ses enfants qui vivent en Suède et sa mère âgée qui vit en Iran, dans le but de le faire « avouer » qu’il était un espion. Il nie les accusations portées à son encontre et affirme qu’elles ont été forgées de toutes pièces par les autorités. Dans une lettre écrite en août 2017 depuis la prison d’Evin, il affirme que les autorités iraniennes lui ont demandé en 2014 de coopérer avec elles pour identifier et recueillir des renseignements dans les États de l’UE. « J’ai refusé et je leur ai dit que j’étais un simple scientifique, pas un espion. »
Le 24 octobre, le procureur général de Téhéran, Abbas Jafari Dolat Abadi, durant sa conférence de presse hebdomadaire devant des journalistes, a déclaré sans nommer précisément Ahmadreza Djalali, que « l’accusé » avait assisté à plusieurs rencontres avec [les services de renseignements israéliens du] Mossad et leur avait fourni des informations sensibles sur l’armée et les sites nucléaires iraniens en échange d’argent et d’un permis de séjour en Suède.