Écrire Un médecin retrouvé vivant après avoir été torturé

Le 19 septembre 2019, Peter Magombeyi, médecin, a été retrouvé vivant et désorienté, après avoir été abandonné à Nyabira, à environ 33 km de Harare. Peter Magombeyi a été enlevé le 14 septembre 2019, dans la soirée. Il dit avoir été retenu captif dans une cave, où il a été torturé. On craint que ses ravisseurs ne lui aient injecté une substance inconnue. Les autorités l’ont accusé d’avoir simulé son enlèvement et ont tenté de l’empêcher de se rendre à l’étranger pour y recevoir des soins. Il est à craindre qu’il ne soit arrêté et inculpé de « simulation d’enlèvement » à son retour.

Le 30 août 2019, l’Association des médecins hospitaliers du Zimbabwe (ZHDA) a informé le ministre de la Santé et des Soins infantiles et le secrétaire permanent à la Santé que les médecins de tout le pays cesseraient le travail à compter du 3 septembre. Elle dénonçait des salaires insuffisants et l’impossibilité d’obtenir des engagements de la part de leur employeur. La lettre était signée de Peter Magombeyi, en qualité de président par intérim de la ZHDA. Cet homme a ensuite reçu des menaces de la part de membres présumés de l’Organisation centrale de renseignement (CIO), y compris un avertissement selon lequel il serait enlevé s’il maintenait la grève. Sur une capture d’écran où apparaissait un numéro local, on pouvait lire (en substance) : « On vous aura prévenu. Continuez à vous entêter. Vous serez pris dans un tourbillon. Nous nous rapprochons. »
Les médecins du Zimbabwe, qui gagnent l’équivalent d’une quarantaine de dollars des États-Unis par mois (alors que la moyenne dans la région est de 1 500 dollars), font grève pour réclamer des salaires plus élevés, un meilleur matériel et davantage de médicaments dans les hôpitaux publics. Le système de santé public s’est dégradé ces dernières années du fait d’une mauvaise gestion. Les médecins dénoncent sans cesse le manque de fournitures médicales, le financement insuffisant du secteur de la santé et les mauvaises conditions de travail.
Le 14 septembre, vers 22 heures, Peter Magombeyi a été enlevé à son domicile à Budiriro, une banlieue de Harare, par trois inconnus armés. Il a été retrouvé vivant et manifestement désorienté dans la soirée du 19 septembre à Nyabira, à 33 km de Harare. Les autorités zimbabwéennes ont rapidement affirmé qu’il s’agissait d’un faux enlèvement. Le porte-parole du gouvernement, également secrétaire permanent du ministère de l’Information, Nick Mangwana, a qualifié Peter Magombeyi de « menteur rétrograde » sur Twitter.
Le 23 septembre, des médecins ont recommandé à Peter Magombeyi d’aller en Afrique du Sud pour s’y faire soigner. Il a été arrêté à l’aéroport avant le décollage. Le 24 septembre, son père a saisi la justice, et la Haute Cour a estimé que Peter Magombeyi avait le droit de quitter le pays, puisqu’il n’était pas en état d’arrestation. Le jour même, la police l’a empêché de sortir de l’hôpital, au mépris de l’ordonnance de la Haute Cour. Le 24 septembre, la police a formé une requête urgente pour contester la décision de la Haute Cour, requête qui a été examinée le 25 septembre. La police a fait valoir que Peter Magombeyi n’était pas apte à voyager et ne pouvait par conséquent quitter le pays, et qu’elle devait prendre des mesures adéquates pour assurer sa sécurité s’il se rendait en Afrique du Sud pour y être soigné. La police l’avait arrêté dans un hôpital local à Harare. La Haute Cour a rejeté cette requête et ordonné que Peter Magombeyi soit immédiatement libéré et autorisé à voyager. Il est à craindre que Peter Magombeyi ne soit appréhendé à son retour, les autorités l’accusant d’avoir simulé son enlèvement.

LIEN VERS L’AU PRÉCÉDENTE : https://www.amnesty.org/fr/documents/afr46/1059/2019/fr/

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