Le 11 mars 2025, des policiers en civil ont arrêté Ahmed Mohammed Al Tenawi et son frère Hussein Mohammed Hassan Al Tenawi, deux demandeurs d’asile syriens enregistrés auprès du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), à leur domicile dans la Ville du 6 Octobre, dans le gouvernorat de Guizeh, sans présenter de mandat d’arrêt, selon un membre de la famille. Ahmed Mohammed Al Tenawi a été détenu au secret au premier poste de police de la Ville du 6 Octobre pendant 28 jours avant d’être illégalement expulsé vers la Syrie le 9 avril. Le 10 mars, les forces de sécurité ont arrêté Omar Mahmoud Abdel Maguid, lui aussi adepte de la communauté ahmadie, à la suite d’une violente descente à son domicile au Caire.
Un membre de sa famille a déclaré que des policiers ont à nouveau perquisitionné la maison le même jour afin d’arrêter le beau-frère d’Omar Mahmoud Abdel Maguid, Hazem Saied Mohamed Abd El Moatamed, également membre de cette minorité religieuse, qui s’était enfui. Toutefois, il a été interpellé trois jours plus tard, le 13 mars, dans la 10e Ville de Ramadan, dans le gouvernorat de Sharqiya, selon sa famille.
Les forces de sécurité ont ensuite soumis Hussein Mohammed Al Tenawi, Omar Mahmoud Abdel Maguid et Hazem Saied Abdel Moatamed à une disparition forcée pour des durées allant de 29 à 34 jours avant de les présenter au parquet. Leurs proches ont porté plainte auprès du parquet le 25 mars, notamment afin d’obtenir des renseignements sur le lieu où ils se trouvaient, mais n’ont pas reçu de réponse.
Les 10 et 13 avril 2025, les autorités ont conduit Omar Mahmoud Abdel Maguid, Hazem Saied Abdel Moatamed et Hussein Mohammed Al Tenawi devant le service du procureur général de la sûreté de l’État, où les procureurs les ont interrogés sans leur permettre de s’entretenir avec un avocat de leur choix. Le parquet a enquêté sur ces hommes et sur 10 autres membres de cette minorité religieuse pour « appartenance à un groupe établi en violation du droit et de la Constitution ».
L’état de santé de ces Ahmadis est préoccupant. Omar Mahmoud Abdel Maguid souffre d’hypertension et de maux de tête. Les problèmes médicaux prééxistants de Hussein Mohamed Al Tenawi se sont fortement dégradés à la suite de son arrestation. Avant son incarcération, il souffrait d’une lésion discale cervicale et d’une sinusite chronique, qui nécessitaient un traitement et une intervention chirurgicale.
En outre, les trois détenus sont soumis à des conditions de détention extrêmement éprouvantes : il fait très froid dans leurs cellules, ce qui provoque de graves maladies respiratoires récurrentes. Ils ne bénéficient pas de soins médicaux adaptés, malgré la gravité de leurs problèmes de santé, qui requièrent des soins urgents. Enfin, ces trois hommes reçoivent une quantité de nourriture très insuffisante, à savoir quelques cuillères de riz et quelques morceaux de pain.
En Égypte, les minorités religieuses, notamment les chrétiens coptes, les musulmans chiites et les baha’is, sont constamment en butte à la discrimination dans la législation et dans la pratique. Des membres de minorités religieuses, des personnes athées ou n’embrassant pas les convictions religieuses autorisées par l’État sont fréquemment convoqués et interrogés par l’Agence de sécurité nationale. D’autres sont menacés ou harcelés, notamment par leur établissement d’enseignement et en ligne.
Le courant de la religion ahmadie de la paix et de la lumière a été créé en 1993. Il suit les enseignements de l’imam Mahdi et considère l’imam Ahmed al Hassan comme son guide spirituel. La dernière vague de répression contre les Ahmadis a été déclenchée lorsque l’un d’entre eux a accroché une banderole faisant la publicité d’une chaîne de télévision ahmadie sur un pont piétonnier à Guizeh, début mars.
Amnesty International a pu voir une photographie de la banderole accrochée au pont, sur laquelle figurait la fréquence de Zahra al Mahdi (« Le Mahdi est apparu »), une chaîne de télévision affiliée à la religion ahmadie, avec la photo de son dirigeant.
Le 8 mars 2025, les forces de sécurité ont arrêté l’homme qui avait accroché la banderole. Il a été libéré plus tard dans la journée sans inculpation, selon Imran Ali, l’évêque de la religion ahmadie en Égypte qui vit au Royaume-Uni, et un autre Ahmadi qui a été en contact avec cet homme après sa libération. Les forces de sécurité auraient identifié Hussein Mohammed Al Tenawi, Omar Mahmoud Abdel Maguid et Hazem Saied Abdel Moatamed après l’avoir arrêté et avoir fouillé son téléphone ; ils ont alors découvert un groupe Telegram dédié aux adeptes du groupe religieux en Égypte, dont les trois hommes étaient membres, selon leurs proches et Imran Ali.
Le 22 avril, Hussein Mohammed Al Tenawi a informé ses avocats que des agents de l’Agence de sécurité nationale l’avaient torturé pendant qu’il était détenu au siège de l’Agence. Selon Imran Ali, lors de faits distincts, au moins quatre autres membres de la minorité religieuse ont été arrêtés au cours du mois de mars. L’évêque installé au Royaume-Uni a déclaré que trois d’entre eux lui auraient envoyé un message pour lui dire qu’ils étaient sur le point d’être arrêtés. Depuis lors, il n’a reçu aucune nouvelle d’eux.