Menchi Barriocanal et Oscar Acosta, un couple de journalistes paraguayens, ont été menacés d’emprisonnement par le président Horacio Cartes le 23 juin alors que celui-ci participait à un rassemblement à Ciudad del Este, où il les a accusés à tort d’avoir incité à la violence au cours des manifestations qui ont eu lieu en mars.
Menchi Barriocanal et Oscar Acosta sont des journalistes paraguayens qui, en mars 2017, ont activement dénoncé une manœuvre bipartisane, soutenue par le président du Paraguay, visant à modifier la Constitution afin de permettre des réélections. Cette manœuvre a suscité l’indignation de la population et de très nombreuses personnes ont manifesté dans les rues. La police a répliqué avec du gaz lacrymogène et des balles en caoutchouc.
Le Congrès paraguayen a été incendié et à la fin du premier jour des manifestations, une personne était morte, des dizaines de personnes avaient été blessées et plus de 200 arrêtées. Lorsque les manifestations ont débuté, des représentants du parti au pouvoir (le Parti Colorado) ont immédiatement accusé publiquement Menchi Barriocanal et Oscar Acosta de les avoir déclenchées et d’avoir provoqué les violences, bien que les journalistes aient simplement rendu compte de la tentative de modification législative au Congrès.
Dans la soirée du 23 juin, alors qu’il s’adressait à la population lors d’un rassemblement public, le président Horacio Cartes a maintenu ses accusations contre Menchi Barriocanal et Oscar Acosta, déclarant : « Il y a un couple marié là-bas qui, si justice est faite, devrait rejoindre Stiben Patrón » – allusion à un militant d’un parti d’opposition incarcéré trois semaines plus tôt en raison de charges liées aux événements survenus pendant les manifestations. En outre, d’autres actes de harcèlement ont été signalés depuis mars contre des professionnels des médias qui avaient critiqué les actions des pouvoirs publics pendant les manifestations. Les trois principaux syndicats nationaux de journalistes ont demandé au procureur général d’enquêter sur ces attaques, mais à ce jour, rien n’indique que des enquêtes aient été ouvertes.
Le 27 juin, le président Cartes a de nouveau cité nommément Menchi Barriocanal et Oscar Acosta au cours d’un rassemblement public, insinuant qu’ils publiaient des informations trompeuses sur la situation politique au Paraguay. Amnesty International est préoccupée par le fait que ces actes d’intimidation et ces accusations contre les journalistes relèvent d’une pratique de harcèlement bien établie qui met en danger les journalistes, les professionnels des médias et les autres défenseurs des droits humains, et qui bafoue leur droit de s’exprimer et de se réunir librement, sans discrimination, persécution ou crainte de représailles.