Long Kunthea (22 ans), Phuon Keoraksmey (19 ans) et Thun Ratha (29 ans) sont emprisonnés à Phnom Penh depuis leur arrestation arbitraire en septembre 2020. En mai 2021, ils ont été condamnés à des peines allant de 18 à 20 mois de prison pour avoir tenté de protester contre le projet du gouvernement consistant à combler et privatiser un grand lac dans la capitale, Phnom Penh.
Ces militant·e·s ont été arrêtés peu après avoir annoncé publiquement qu’ils allaient marcher à deux jusqu’à la résidence du Premier ministre Hun Sen, dans le but de lui exposer leurs préoccupations concernant le projet de privatisation et de développement du lac Boeung Tamok, le dernier grand lac de Phnom Penh.
Long Kunthea et Phuon Keoraksmey ont été condamnées à 18 mois de prison pour « incitation à commettre un acte criminel ou à troubler l’ordre social », au titre des articles 494 et 495 du Code pénal, et à une amende de 4 millions de riels. Thun Ratha a été condamné à 20 mois de prison pour les mêmes chefs d’inculpation, ainsi qu’à une amende de 4 millions de riels.
Sun Ratha (26 ans), Ly Chandaravuth (22 Ans) et Yim Leanghy (32 ans) ont été arrêtés le 16 juin 2021 alors que deux d’entre eux enquêtaient sur la pollution de la rivière Tonle Sap, à Phnom Penh. Le lundi 21 juin, le juge d’instruction du tribunal municipal de Phnom Penh, Im Vannak, a confirmé que Sun Ratha et Yim Leanghy étaient inculpés à la fois de « complot » et d’« outrage envers le roi », au titre des articles 453 et 437 (bis) du Code pénal cambodgien, infractions passibles respectivement d’une peine maximale de 10 ans et cinq ans d’emprisonnement. Ly Chandaravuth, pour sa part, a été inculpé de « complot ». Yim Leanghy et Ly Chandaravuth ont été placés en détention provisoire dans la prison CC1 et Sun Ratha a été envoyée dans la prison CC2.
Ces militant·e·s sont affiliés au groupe de défense de l’environnement Mother Nature Cambodia, un groupe militant de premier plan qui a remporté plusieurs grandes victoires environnementales. S’appuyant à la fois sur la mobilisation des habitant·e·s, l’action directe et la sensibilisation de la population, ce groupe a convaincu en 2015 les autorités cambodgiennes de renoncer à leur projet de construction d’un grand barrage hydroélectrique dans la vallée d’Areng, projet qui menaçait gravement les populations autochtones locales.
En 2016, Mother Nature Cambodia a dénoncé la destruction généralisée de l’environnement et les violations des droits humains liées à l’extraction et à l’exportation de sable depuis les zones côtières du Cambodge, et a obtenu une autre grande victoire : l’annonce par le gouvernement cambodgien de l’interdiction totale d’exporter du sable côtier.
Les militants de Mother Nature Cambodia ont dû faire face à une longue liste d’actes de répression ces dernières années, beaucoup étant arbitrairement poursuivis et incarcérés. Plusieurs ont été emprisonnés pour « incitation », une accusation pénale infondée. Le groupe a été accusé de « semer le chaos dans la société » et qualifié d’« illégal » par le ministère de l’Intérieur cambodgien, au motif qu’il n’était pas enregistré au titre de la tristement célèbre Loi sur les ONG.