Ces trois dernières années, le rétrécissement de l’espace civique au Mali a été marqué par des atteintes aux droits humains, notamment aux droits aux libertés d’expression, d’association, d’information et de la presse. Le Mali est gouverné depuis 2021 par des militaires qui ont pris le pouvoir en évinçant en 2020 le gouvernement démocratiquement élu du président Ibrahim Boubacar Keïta, à la suite de manifestations, puis en écartant les autorités civiles de transition en mai 2021, à la suite de dissensions.
Des dirigeant·e·s de l’opposition, des militant·e·s et des défenseur·e·s des droits humains ayant publiquement exprimé leur désaccord avec les décisions prises par les autorités de transition sont depuis 2022 arbitrairement arrêtés, détenus et poursuivis en justice.
Ce n’est pas la première fois qu’Étienne Sissoko est pris pour cible par les autorités. Le 16 janvier 2022, il avait été arrêté par le parquet du tribunal de la commune IV de Bamako en raison de « propos tendant à la stigmatisation ou à la discrimination régionaliste, ethnique ou religieuse de nature à dresser les citoyens les uns contre les autres au moyen de technologies de la communication », après qu’il se fut exprimé à la télévision à propos des conséquences des sanctions de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest au Mali. Il avait été remis en liberté provisoire en juin 2022, avec interdiction de quitter le territoire.
Le 10 avril 2024, le Conseil des ministres a pris un décret suspendant « jusqu’à nouvel ordre » les activités des associations et des partis à caractère politique. Le lendemain, la Haute autorité de la communication (HAC) malienne a publié un communiqué annonçant l’interdiction de toute diffusion et publication concernant les activités des partis politiques et les activités à caractère politique des associations. Le 10 juillet 2024, les autorités ont levé la suspension.
Depuis février 2024, au moins trois organisations ont été dissoutes, notamment l’Association des élèves et étudiants du Mali (AEEM).