Le 26 janvier 2019, le Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC), parti d’opposition de Maurice Kamto, arrivé second lors de l’élection présidentielle d’octobre 2018, a appelé à organiser des actions publiques de protestation dites « marches blanches » dans tout le pays, pour dénoncer les irrégularités massives qui auraient entaché le processus électoral. Les forces de sécurité, face à ces manifestations qui n’étaient pas autorisées, ont recouru à une force excessive contre les manifestant.es. Sept personnes ont été blessées par balle dans la ville côtière de Douala et d’autres manifestant.es ont été roués de coups. Le porte-parole du gouvernement a nié l’utilisation de balles réelles contre les manifestant.es. Cependant, on peut voir sur les réseaux sociaux des vidéos de tirs à l’arme automatique à Douala et un membre de la police antiémeute tirer dans les jambes d’un manifestant.
Plus d’une centaine de manifestant.es ont été arrêtés à Douala, Yaoundé, Dschang, Bafoussam et Bafang. Une cinquantaine ont été libérés le lendemain et les autres ont été placés en détention administrative. Le leader d’opposition Maurice Kamto a été arrêté le 28 janvier 2019. L’avocate Michelle Ndoki, cadre du MRC, a quant à elle été appréhendée en février. Ils ont tous deux été inculpés, en même temps que 130 autres personnes, d’infractions telles que la rébellion, l’hostilité contre la patrie et l’incitation à l’insurrection, et placés en détention provisoire.
En octobre 2019, le président Paul Biya a ordonné la libération de certains des membres de l’opposition arrêtés pendant les manifestations. Des centaines de militants politiques, dont Maurice Kamto et Michelle Ndoki, ont alors été remis en liberté. Amnesty International avait fait campagne en faveur de Michelle Ndoki et du rappeur Valsero.
Serge Branco Nana n’a pas pu bénéficier de cette mesure, car il s’est trouvé pris dans une autre affaire. Le 22 juillet, une émeute a été signalée dans la prison de Kondengui, à Yaoundé. D’après certaines informations, des détenus identifiés comme des séparatistes armés issus des régions anglophones et des membres de l’opposition ont pris possession de la cour de la prison pour dénoncer la surpopulation, les lenteurs judiciaires et le caractère déplorable des conditions de détention.
Serge Branco Nana, qui était détenu dans cet établissement, a été accusé de faire partie des instigateurs et condamné en août à deux ans d’emprisonnement. Après l’émeute, il a été envoyé au Secrétariat d’Etat à la Défense (SED), où, selon son témoignage, on l’a roué de coups pendant des heures et on lui a infligé des décharges électriques dans les parties génitales. Il a ensuite été transféré dans la prison de Mfou, à 30 kilomètres de Yaoundé et environ 300 kilomètres de la région de l’Ouest, ce qui fait qu’il est très difficile pour sa famille, ses proches et son avocat de lui rendre visite.