Le 17 octobre 2023, à 16 heures, les forces spéciales du 40e district de la Direction générale du renseignement (GDI) des talibans sont entrées dans les bureaux de Fekr Behtar et ont procédé à l’arrestation arbitraire d’Ahmad Fahim Azimi. Il a ensuite été conduit devant le tribunal pour livrer des « aveux » forcés, selon lesquels il aurait incité des femmes à manifester et aurait organisé des manifestations. Ahmad Fahim Azimi et sa famille réfutent ces allégations. Bien qu’ils aient plaidé son innocence, le 1er avril 2024, le tribunal de première instance des talibans l’a déclaré coupable et l’a condamné à un an de prison, à l’issue d’un procès inique et en l’absence d’une procédure régulière.
Suite à ce jugement, son père a eu une grave attaque, qui l’a plongé dans un état critique, nécessitant des soins médicaux constants et des soins intensifs. Il est actuellement hospitalisé et son pronostic vital est incertain. Le stress et l’angoisse générés par l’incarcération de son fils innocent ont aggravé son état de santé.
Ahmad Fahim Azimi est un militant du droit à l’éducation travaillant pour l’association Fekre Behtar, notoirement connue pour défendre le droit à l’éducation des filles et qui critique l’interdiction faite aux filles par les talibans de recevoir une éducation. Il travaille étroitement avec l’équipe nationale féminine de robotique dans la province de Hérat. Depuis deux ans, Fekre Behtar s’efforce de mener des activités éducatives en coordination avec les lois et les procédures de travail existantes, en proposant des formations aux filles afghanes dans les domaines des langues et de la robotique.
Ahmad Fahim Azimi et Seddiqullah Afghan ont été détenus dans le centre de détention du 40e District de la GDI pendant 72 jours. Ils sont semble-t-il accusés d’avoir aidé des filles de l’équipe nationale de robotique à quitter le pays, incité des femmes à manifester et organisé des manifestations. Au cours de ces 72 jours, les deux militants ont subi des tortures physiques et psychologiques, ainsi que d’autres formes de mauvais traitements. Ils ont été privés de sommeil et placés à l’isolement. Ils n’ont pas été autorisés à consulter un avocat pendant son interrogatoire ni à avoir accès à une assistance médicale. Seddiqullah Afghan a été libéré le 9 avril à la faveur d’une grâce accordée à des prisonniers à l’occasion de l’Aïd par le chef suprême des talibans.
La Mission d’assistance des Nations unies en Afghanistan (MANUA) a condamné l’arrestation arbitraire d’Ahmad Fahim Azimi et de Seddiqullah Afghan et demandé que cessent immédiatement les arrestations arbitraires, et que soient respectés les droits de recevoir des visites de leur famille, de consulter un avocat, de recevoir des soins et de bénéficier d’un procès équitable.
La rapporteuse spéciale des Nations unies sur les défenseurs des droits de l’homme Mary Lawlor a réclamé la libération immédiate de ces deux militants. Des experts de l’ONU ont également réclamé la libération immédiate des défenseurs afghans des droits humains, le 22 avril 2024.