Écrire Un militant emprisonné pour « atteintes à la sureté de l’état »

Heri Budiawan, militant écologiste connu sous le nom de Budi Pego, a été condamné à 10 mois d’emprisonnement le 24 janvier 2018 pour « atteintes à la sûreté de l’État. » Cette première condamnation au titre d’une disposition qui érige en infraction la diffusion de l’idéologie communiste depuis la chute de Soeharto en 1998 établit un dangereux précédent pour d’autres militants. Heri Budiawan est un prisonnier d’opinion et doit donc être libéré immédiatement et sans condition.

Heri Budiawan a été condamné à 10 mois d’emprisonnement le 24 janvier 2018 par le tribunal du district de Banyuwangi, dans la province de Java-Est, parce qu’il a enfreint l’article 107a du Code pénal indonésien, qui concerne les « atteintes à la sûreté de l’État ». Il a été reconnu coupable de trois chefs d’inculpation principaux ; d’avoir diffusé l’idéologie communiste, de ne pas avoir informé la police locale d’une manifestation conformément à la loi n° 9/1998 et, en tant que dirigeant de la manifestation, d’avoir fait ouvertement la promotion de l’idéologie pro-communiste en affichant le symbole du marteau et de la faucille pendant la manifestation.

Le 4 avril 2017, des habitants du village de Sumberagung, dans la province de Java-Est, ont manifesté pacifiquement pour protester contre l’ouverture d’une nouvelle mine d’or dans les montagnes de Salakan, car ils pensent que la compagnie minière est responsable de destruction écologique et met en danger cinq villages voisins. Les villageois ont simplement installé des pancartes le long de la route menant au bureau du district de Pesanggaran, mais le lendemain, l’armée et la police locales ont fait plusieurs déclarations qui ont soulevé des préoccupations sérieuses quant à l’utilisation de logos communistes.

Le parquet du district de Banyuwangi a ordonné l’arrestation de Heri Budiawan le 4 septembre 2017, car il aurait affiché un logo communiste dans le but de « diffuser l’idéologie communiste. » Trois autres personnes ont également été accusées d’être impliquées dans cette affaire, mais aucune charge n’a été retenue contre elles. Le conseiller juridique de Heri Budiawan a fait appel, de même que le parquet, le 26 janvier 2018. Le 23 février 2018, le conseiller juridique de Heri Budiawan formera un recours auprès de la Haute Cour de Surabaya tout en cherchant à mettre en place un examen public de l’affaire de Heri Budiawan au début du mois de mars 2018.

C’est la première fois que le sentiment anticommuniste est utilisé pour empêcher une manifestation pacifique. Heri Budiawan a été condamné à 10 mois d’emprisonnement, mais le procureur a demandé sept ans de prison, ce qui est actuellement une des mises en accusation les plus élevées d’un militant en Indonésie, créant un dangereux précédent pour de futurs cas similaires.

Les montagnes de Salakan font partie des quelques montagnes en Indonésie où on extrait de l’or, et sont sous le contrôle de Merdeka Copper Gold à travers ses deux filiales, PT Bumi Sukses Indo (BSI) et PT Damai Sukses Indo (DSI). En 2012, les deux entreprises ont reçu l’autorisation d’ouvrir et de gérer une zone de 4 998 hectares et 6 623 hectares respectivement. Les villageois pensent qu’en plus d’être responsables de dommages sociaux et de destruction écologique, ces entreprises mettent en danger cinq villages : Sumberagung, Pesanggaran, Sumbermulyo, Kandangan, et Sarongan.

Depuis 2006, la lutte des villageois et des communautés contre les entreprises exploitant les mines d’or s’est aggravée, atteignant son paroxysme lors de grands affrontements entre les villageois et le personnel de sécurité de BSI et DSI le 27 novembre 2015. À l’origine, Tumpang Pitu et les montagnes environnantes étaient considérées comme des forêts protégées. Cependant, le 19 novembre 2013, Zulkifli Hasan, à l’époque ministre des Forêts et aujourd’hui président de l’Assemblée consultative du Peuple (Majelis Permusyawaratan Rakyat), a promulgué un décret changeant le statut de 1 942 hectares de forêts protégées en « forêt industrielle », ce qui ouvre la voie à de vastes opérations minières dans cette région.

Les dispositions légales qui érigent en infraction la diffusion de l’idéologie communiste remontent à une période de grave répression des droits humains sous le régime de l’Ordre nouveau du président Soeharto entre 1965 et 1998. La campagne anticommuniste dirigée par Soeharto a causé la mort de centaines de milliers de personnes et la violation d’un grand nombre d’autres droits humains, notamment les libertés d’expression, d’opinion et de rassemblement pacifique.

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