Thayyib Shaheem, un militant maldivien intervenant sur les réseaux sociaux, a été arrêté le 16 mars et est depuis détenu à la prison de l’île de Dhoonidhoo. Il est accusé d’avoir « semé la panique » sur les réseaux sociaux après avoir critiqué un projet de développement aux Maldives. S’il est reconnu coupable, il risque jusqu’à un an et trois mois d’emprisonnement. Cet homme est un prisonnier d’opinion et doit donc être libéré immédiatement et sans condition.
Thayyib Shaheem est un militant maldivien de premier plan intervenant sur les réseaux sociaux et un sympathisant du Parti démocratique des Maldives, un parti d’opposition. Il a été arrêté le 16 mars. La police affirme qu’il a été arrêté pour avoir semé la panique et répandu de fausses informations sur les réseaux sociaux par ses tweets sur l’épidémie récente de grippe porcine (H1N1) aux Maldives. Amnesty International pense cependant qu’il est détenu parce qu’il a critiqué publiquement un vaste projet de développement dans le pays impliquant l’Arabie saoudite.
Ces dernières semaines, des militants et des partis d’opposition se sont opposés à ce projet de développement qui doit être mis en place sur l’atoll de Faafu, un groupe d’îles situées au sud-ouest de Malé, la capitale. Ils s’inquiètent entre autres du possible impact environnemental néfaste de ce projet. Le gouvernement n’a toujours pas révélé tous les détails de ce projet, mais il continue à nier les rumeurs selon lesquelles la totalité de l’atoll sera vendue à l’Arabie saoudite pour environ 10 milliards de dollars. Depuis le début du mois de mars, les autorités répriment de manière inquiétante les médias, les partis d’opposition et les militants qui s’opposent au projet. Le tribunal pénal de Malé a menacé de « poursuivre en justice » les journalistes qui « perturbent la paix et la stabilité des Maldives », et la police a effectué une descente au siège du Parti démocratique des Maldives pour saisir des banderoles et d’autres éléments.
Thayyib Shaheem a été arrêté le 16 mars, quelques heures seulement après avoir publié un tweet qui critiquait l’accord sur Faafu. Il a été placé en détention par un tribunal de Malé le lendemain et déplacé vers une prison de l’île de Dhoonidhoo. Selon son avocat, les conditions de vie dans cette prison sont extrêmement mauvaises. Les détenus n’ont pas accès à de l’eau potable et ne bénéficient d’aucune protection contre les moustiques, qui sont constamment présents. Le 23 mars, un tribunal de Malé a prolongé la détention de Thayyib Shaheem de 15 jours, décrivant ses tweets comme « religieusement inacceptables », sans toutefois pouvoir préciser à quels tweets il faisait allusion. Thayyib Shaheem n’a pas encore été inculpé, mais il est soupçonné d’avoir enfreint les articles 122 et 610 du Code pénal, qui sont liés à la diffusion de fausses informations et au trouble à l’ordre public. S’il est reconnu coupable, il risque jusqu’à un an et trois mois d’emprisonnement.