Des élections législatives se sont tenues en Guinée le 22 mars 2020, en même temps qu’un référendum constitutionnel. Amnesty International a recueilli des informations faisant état de graves violations des droits humains commises par les forces de défense et de sécurité dans plusieurs villes du pays le 22 mars, ainsi que les jours précédant et suivant le scrutin. Les forces de sécurité se sont rendues coupables d’au moins 12 homicides illégaux à Conakry et près de Mamou.
Dans la ville de Nzérékoré, des affrontements ont éclaté le jour du scrutin et le lendemain. Selon une déclaration du Collectif des organisations de défense des droits de l’homme en Guinée forestière, au moins 22 personnes ont été tuées et 100 blessées. Les corps des victimes ont semble-t-il été enterrés de nuit, en l’absence des familles. Pendant ces violences, plusieurs lieux de culte, dont trois églises au moins, ont été détruits et incendiés.
Le 16 avril, les parlementaires ont été invités par décret présidentiel à élire le nouveau président de l’Assemblée nationale le 22 avril.
Le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC) est une coalition d’organisations non gouvernementales et de partis d’opposition qui ont boycotté le référendum. Il organise depuis octobre 2019 des manifestations contre le projet gouvernemental de révision de la Constitution. La nouvelle Constitution modifierait le nombre maximal de mandats présidentiels, ce qui permettrait à l’actuel président, Alpha Condé, de briguer un troisième mandat. Le référendum pourrait ouvrir la voie à sa candidature à ce troisième mandat. Le FNDC s’est aussi opposé à l’élection du nouveau président de l’Assemblée nationale. À titre de protestation, il a appelé à une opération « ville morte » le 22 avril dans tout le pays. Cet appel a marqué la fin de la trêve qu’il avait annoncée à la suite de la découverte des premiers cas de COVID-19 en Guinée.
Depuis 2019, des dirigeants de mouvements en faveur de la démocratie et de nombreux manifestant·e·s ont été arrêtés et condamnés. Le 22 octobre 2019, le tribunal de Dixinn a déclaré Abdourahamane Sano, Alpha Soumah (alias Bill de Sam), Ibrahima Diallo, Bailo Barry et Sékou Koundouno coupables de « provocation directe à un attroupement non armé ».
Abdourahamane Sano a été condamné à un an d’emprisonnement et les autres à six mois. Ils ont été libérés sous caution le 28 novembre 2019, dans l’attente de l’examen de leur recours.
Le 7 mars, Ibrahima Diallo et Sékou Koundouno, militants prodémocratie du FNDC, ont été arrêtés à Conakry. La veille de leur arrestation, ils étaient intervenus à titre de porte-parole lors d’une conférence de presse au cours de laquelle ils avaient accusé le commissaire Fabou Camara, à la tête de la Direction centrale de la police judiciaire, d’avoir procédé à des écoutes téléphoniques, à des actes de torture et à d’autres mauvais traitements.
Le 9 mars, ils ont été inculpés, sans aucun fondement, de violences, d’outrage à agent public et de production et diffusion de données de nature à menacer l’ordre public et la sécurité. Ils ont été remis en liberté le 13 mars, mais sont toujours inculpés et demeurent tous deux sous contrôle judiciaire.
Un cas de COVID-19 a été signalé à la prison de Conakry le 28 avril, selon l’Agence nationale de sécurité sanitaire.