Écrire Militant en grève de la faim : inquiétudes pour sa santé

L’état de santé du prisonnier d’opinion iranien Ali Shariati, incarcéré à la prison d’Evin, est préoccupant ; cela fait 67 jours qu’il a entamé une grève de la faim pour protester contre sa détention. Il a été condamné à une peine de cinq ans d’emprisonnement en raison de ses activités militantes pacifiques, notamment de sa participation à une manifestation pacifique organisée pour dénoncer les attaques à l’acide visant des femmes en 2014.

Ali Shariati, prisonnier d’opinion et militant de la société civile âgé de 30 ans, a entamé une grève de la faim le 31 octobre 2016 après avoir été arrêté et conduit à la prison d’Evin à Téhéran pour purger sa condamnation à cinq ans de prison. Il a perdu plus de 20 kilos et souffre de graves migraines, de faiblesse musculaire, d’hypotension artérielle, de douleurs rénales, de pertes de conscience répétées et, depuis le 5 janvier, de saignements gastro-intestinaux. Il a cessé de boire de l’eau le 5 novembre et son état santé s’est rapidement détérioré : tachycardie, difficultés respiratoires et troubles de l’élocution. Il a été transféré à l’hôpital en dehors de la prison le 15 novembre lorsqu’il a perdu connaissance. Il a alors subi des pressions pour accepter de boire de l’eau et de se faire administrer des solutés par voie intraveineuse, ce qu’il a commencé par refuser, avant d’accepter, lorsque les autorités lui ont permis de rencontrer sa famille.

Le 19 novembre, il a développé de soudaines poussées de graves douleurs et de gonflements en réaction à un certain type de substances nutritives que des infirmières avaient ajouté à son intraveineuse sans en informer sa famille – ce dont celle-ci s’est aperçue.

Sa famille a déclaré avoir eu une altercation verbale avec le personnel hospitalier et Ali Shariati a été renvoyé en prison le 21 novembre. Il est depuis détenu dans des conditions qui s’apparentent à l’isolement dans une chambre de la clinique de la prison. Hormis trois rencontres avec sa famille – une en direct et deux derrière une vitre – ses contacts avec le monde extérieur consistent en trois coups de téléphone quotidiens de cinq à 10 minutes avec sa famille.

Depuis le 21 novembre, Ali Shariati a été transféré d’urgence à l’hôpital à deux reprises. La première fois, c’était le 5 décembre, lorsqu’il a accepté qu’on lui administre des solutés par voie intraveineuse et a ensuite été renvoyé à la prison. La deuxième, le 25 décembre, lorsqu’il a refusé ces solutés. Les autorités ont alors ordonné aux agents de sécurité de l’hôpital d’empêcher sa famille d’y entrer. Toutefois, sa sœur Hoda et son épouse Motahare Parsi ont trouvé un moyen de se faufiler et de localiser la chambre où il était détenu. Lorsqu’il a entendu les voix de ses proches à l’extérieur, Ali Shariati s’est précipité vers elles. Selon sa famille, alors qu’il s’approchait pour prendre sa femme dans ses bras, les gardes l’ont poussé à terre. Des femmes agents de sécurité ont alors été appelées pour faire partir sa famille et Ali Shariati a été renvoyé en prison.

En juin 2014, Ali Shariati a été arrêté pour avoir distribué des paquets contenant du chocolat et une feuille de papier verte demandant la libération des dirigeants d’opposition Mehdi Karroubi et Mir Hossein Mousavi, ainsi que la femme de ce dernier, Zahra Rahnavard, dans les rues de Téhéran pendant la fête religieuse de la mi-Chaabane (qui commémore l’anniversaire du dernier des Douze Imams chiites). Ces trois personnes se trouvent en résidence surveillée sans inculpation depuis 2011. Ali Shariati a été détenu à la prison d’Evin pendant une semaine. Après sa libération, il a été harcelé et intimidé à plusieurs reprises par des représentants du ministère du Renseignement et a été convoqué par téléphone pour être interrogé, ce qui est illégal. En décembre 2014, lorsqu’il a de nouveau reçu un appel d’intimidation d’un représentant du ministère du Renseignement, il a protesté et a déclaré qu’il ne se présenterait plus pour les interrogatoires à moins qu’il ne reçoive des convocations écrites officielles. Les appels ont alors cessé pendant deux mois mais, le 18 février 2015, huit représentants du ministère du Renseignement ont effectué une descente au domicile de sa mère, ont fouillé les lieux pendant environ quatre heures, ont confisqué les appareils électroniques d’Ali Shariati et l’ont arrêté. Ils lui ont dit sur un ton moqueur : « Tu voulais une convocation écrite, la voilà ».

Pendant les cinq mois qui ont suivi son arrestation en février 2015, Ali Shariati a été maintenu en détention à l’isolement à la section 209 de la prison d’Evin, où il a été soumis à d’intenses interrogatoires au cours desquels il n’a pas pu consulter un avocat. Durant cette période, les autorités ont découvert à partir des images et des vidéos enregistrées sur son téléphone saisi qu’il avait participé à des manifestations organisées devant des bâtiments gouvernementaux pour demander aux autorités d’enquêter sur une série d’attaques à l’acide ciblant des femmes dans la ville d’Ispahan (centre de l’Iran), en octobre 2014. Le 10 juillet 2015, il a été transféré à la section 8 de la prison d’Evin et y a été détenu jusqu’en mai 2016, lorsqu’il a obtenu une permission de sortie dans l’attente de son appel.

En septembre 2015, Ali Shariati a été condamné à 12 ans et neuf mois d’emprisonnement par la 15e chambre du tribunal révolutionnaire de Téhéran. Il a été déclaré coupable de plusieurs chefs d’accusation, notamment « rassemblement et collusion dans l’intention de porter atteinte à la sécurité nationale », « propagande contre le régime », « outrage au Guide suprême vénéré » et « outrage au Président ». Outre sa participation à des manifestations pacifiques condamnant les attaques à l’acide contre des femmes, le jugement prononcé contre lui mentionne les activités pacifiques suivantes comme « preuves » de son implication dans des activités « portant atteinte à la sécurité nationale » : participation à des rassemblements pacifiques devant la prison d’Evin en solidarité avec des prisonniers politiques ; distribution dans les rues de Téhéran de paquets contenant du chocolat et une feuille de papier verte demandant la libération des dirigeants d’opposition Mehdi Karroubi et Mir Hossein Mousavi, ainsi que la femme de ce dernier, Zahra Rahnavard ; publication sur ses comptes Facebook et Telegram d’informations sur la répression des manifestations pacifiques et d’autres violations des droits humains commises en Iran ; et prise de contact avec le service en persan de la BBC et des militants des droits humains à l’étranger. En juin 2016, Ali Shariati a été informé que la 54e chambre de la cour d’appel de Téhéran l’avait acquitté de tous les chefs d’accusation sauf des accusations de « rassemblement et collusion dans l’intention de porter atteinte à la sécurité nationale » et que sa peine d’emprisonnement avait par conséquent été ramenée à cinq ans. Le 31 octobre 2016, il a été arrêté et emmené à la prison d’Evin à Téhéran, où il purge actuellement sa peine.

En octobre 2014, plusieurs attaques à l’acide ont été lancées contre des femmes à Ispahan. Le gouvernement a confirmé quatre agressions, contre 15, dont une ayant conduit à la mort, selon des sources non officielles. Le 21 octobre, le ministre iranien de la Justice Hojjat ol Eslam Mostafa Purmohammadi a confié à l’Agence de presse de la République islamique d’Iran : « Nous sommes très inquiets et espérons que les auteurs de ces agressions seront arrêtés et jugés. »

Le même jour, Gholam-Hossein Mohseni-Ezhei, porte-parole du responsable judiciaire iranien, a déclaré : « Les informations recueillies jusqu’ici n’étayent pas l’hypothèse que les malfaiteurs cherchaient à punir des femmes mal voilées. » Cependant, bon nombre d’Iraniens estiment que les victimes de ces attaques ont été prises pour cible parce qu’elles ne respectaient pas le strict code vestimentaire islamique. À ce jour, personne n’a été identifié ni traduit devant un tribunal.

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