Écrire Un militant relaxé, un autre dans l’attente de son procès

Le militant Yahaya Badamassi a été libéré après avoir été relaxé de toutes les charges par la cour d’appel de Zinder le 6 décembre. Il était détenu depuis huit mois pour « participation à un mouvement insurrectionnel » et « conspiration contre la sûreté de l’État ». Le militant Sadat Illiya Dan Malam est toujours détenu, dans l’attente de son procès.

Yahaya Badamassi, coordonnateur régional d’Alternative Espaces citoyens, a été libéré. Le 6 décembre, la cour d’appel de Zinder, une ville située à environ 800 kilomètres à l’est de Niamey, la capitale, l’a relaxé de toutes les charges retenues contre lui. Yahaya Badamassi a été arrêté le 25 avril et inculpé d’« organisation et participation à une manifestation interdite » et de « dégradation de biens publics ». En juin, il a également été inculpé de « participation à un mouvement insurrectionnel » et de « conspiration contre la sûreté de l’État ». Yahaya Badamassi avait déjà été relaxé de toutes les charges retenues contre lui le 28 août mais le procureur avait interjeté appel.

Sadat Illiya Dan Malam, militant et coordonnateur régional du Mouvement patriotique pour une citoyenneté responsable, est toujours détenu à Magaria, à 80 kilomètres de Zinder, dans l’attente de son procès. Il a été arrêté le 18 avril et inculpé de « participation à un mouvement insurrectionnel » et de « conspiration contre la sûreté de l’État ».

Les deux militants ont été inculpés à la suite de manifestations contre la loi de finances qui s’étaient déroulées dans plusieurs villes à l’instigation d’organisations de la société civile.

Amnesty International considère que le retard de traitement de l’affaire de Sadat Illiya Dan Malam par les tribunaux est extrêmement suspect et sous-tendu par des considérations politiques.

Depuis la présentation au Parlement, en novembre 2017, du projet de loi de finances 2018 (prévoyant, entre autres, une nouvelle taxe d’habitation et une augmentation du prix de l’électricité), des organisations de la société civile font campagne contre ce texte, qu’elles qualifient d’« antisocial », et demandent son abandon. Des manifestations ont lieu depuis novembre 2017.

La loi de finances 2018 a été promulguée en janvier 2018. Des organisations de la société civile ont continué à manifester contre ce texte et à demander sa modification ; elles font valoir que cette loi aura pour conséquence une très forte augmentation du coût de la vie et qu’elle va à l’encontre du droit à un niveau de vie suffisant de nombreuses personnes qui vivent déjà dans la pauvreté. Cinq manifestations pacifiques ont eu lieu depuis novembre 2017 et la sixième manifestation a été interdite. Un rassemblement public de soutien à la loi a cependant été autorisé en mars 2018.

En mars, des organisations de la société civile ont organisé une marche pacifique pour protester contre la loi de finances 2018, bien que ce rassemblement ait été interdit. La police a utilisé du gaz lacrymogène pour disperser les manifestant·e·s, et 23 personnes ont été arrêtées, certaines aux bureaux d’organisations de la société civile, d’autres pendant les manifestations.

Deux autres procès contre des défenseur·e·s des droits humains a eu lieu au Niger en moins d’un an, respectivement en juillet et en octobre. Tous ces procès sont liés à la mobilisation de ces 10 derniers mois contre la loi de finances 2018.

La loi de finances 2019 étant actuellement examinée par les parlementaires, Amnesty International craint que toute nouvelle manifestation anti-austérité ne soit également réprimée par les autorités. Comme en 2018, le budget 2019 proposé par le gouvernement contient des mesures d’austérité et de nouvelles taxes pour les propriétaires de petites entreprises et les ménages à faible revenu.

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