Jabir Zain, un militant résidant en Libye, est maintenu en détention dans un lieu inconnu, plus de 100 jours après sa disparition forcée, imputable à une milice de Tripoli. Selon sa famille, qui n’a pas pu lui parler depuis son enlèvement, il a été torturé en détention et risque d’être expulsé vers le Soudan.
Dans la soirée du 25 septembre 2016, Jabir Zain et trois de ses amis ont été enlevés alors qu’ils sortaient d’une conférence sur les droits des femmes, organisée par une ONG dans un café à la mode à Gergarish, un quartier de la banlieue de Tripoli, en Libye. Quelques heures après l’enlèvement, les amis de Jabir ont été libérés, mais il a été maintenu en détention dans un endroit inconnu. Il semble que Jabir ait été pris pour cible en raison de son militantisme, notamment sur Facebook, où il défend régulièrement les droits des femmes et publie des points de vue sur des sujets considérés comme controversés dans la société libyenne.
La milice de Tripoli responsable de son enlèvement opère théoriquement sous l’autorité du ministère de l’Intérieur et a son quartier général dans le quartier de Fernaj, à Tripoli. Elle accuse Jabir, entre autres, d’athéisme, d’atteinte aux bonnes moeurs et de collaboration avec des ONG étrangères, selon des informations obtenues par sa famille. Après avoir tenté à maintes reprises d’accéder à son lieu de détention présumé, la famille de Jabir a rencontré des membres de la milice dans leur quartier général le 10 octobre. Ceux-ci ont réitéré les accusations portées contre Jabir et ont informé la famille qu’ils le maintiendraient en détention aux fins d’investigations complémentaires, qui aboutiraient à son expulsion, puisqu’il est soudanais.
À la demande de la milice, la famille de Jabir est retournée le 12 octobre au quartier général, où elle a rencontré les mêmes miliciens. Ceux-ci ont indiqué à la famille qu’il y avait eu une erreur, et qu’ils ne détenaient pas Jabir, mais un autre homme portant un nom similaire. La famille pense que cette information est fausse et poursuit ses recherches. Ses inquiétudes pour la sécurité de Jabir ne cessent de croître, car elle a reçu des informations indiquant qu’il avait été battu et torturé. On ignore toujours où il se trouve et ce qu’il est advenu de lui. Selon des informations récemment reçues par sa famille, il pourrait maintenant être détenu par la milice Rada à Tripoli – qui opère également sous les ordres du ministère de l’Intérieur.