Écrire Un militant est victime de harcèlement politique

L’homme d’affaires et militant Emdadul Haque Milon encourt sept ans de prison s’il est déclaré coupable en vertu d’une loi draconienne sur la sécurité numérique.

Il semble que c’est un dirigeant local de la Ligue Awami, le parti politique au pouvoir, qui a porté plainte contre lui ; cette personne a usé de son influence politique pour son intérêt personnel.

Le gouvernement bangladais doit abandonner les poursuites contre Emdadul Haque Milon, qui ont été engagées au titre de la Loi sur la sécurité numérique, un texte très répressif aux dispositions vagues, qui prévoit des sanctions lourdes et bafoue le droit international relatif aux droits humains.

Emdadul Haque Milon, 34 ans, a été arrêté par la police le 3 mars 2020. Le lendemain, une plainte a semble-t-il été déposée contre lui au titre de la draconienne Loi sur la sécurité numérique par Billal Hossain Sarker, politicien du parti au pouvoir, dans la ville de Muktagachh (district de Mymensingh).

Amnesty International a précédemment demandé au gouvernement bangladais de le relâcher sans délai. Il a été libéré sous caution le 26 mars 2020 après avoir passé 23 jours en détention. Les poursuites engagées contre lui n’ont cependant pas été abandonnées.

Le 27 février 2020, Emdadul Haque Milon a publié sur son compte Facebook les propos suivants : « Inviter Modi, oppresseur des musulmans, au centenaire de la naissance de Mujib est une insulte à la fierté de la nation bengalie, Bangabandhu, et le peuple du Bangladesh ne s’en réjouira pas. »

La police s’est appuyée sur ce post Facebook et a affirmé qu’il a également partagé une image satirique du ministre bangladais Obaidul Quader afin d’exprimer son mécontentement face au système de vote électronique.

Emdadul Haque Milon a nié avoir partagé quoi que ce soit au sujet d’Obaidul Quader, et a ajouté que la police n’a pas retrouvé de publication de ce type sur son profil Facebook.

La police l’a accusé d’avoir publié un contenu « offensant » et « diffamatoire » et d’avoir « détérioré la loi et l’ordre public », respectivement au titre des articles 25(2), 29(1) et 31(2) de la Loi sur la sécurité numérique. S’il est déclaré coupable, il encourt jusqu’à sept ans de prison et une amende pouvant aller jusqu’à 500 000 takas (environ 5 300 euros).

« Quand le gouvernement demande de s’abstenir de faire des commentaires sur le Premier ministre indien, Narendra Modi, [...] et que l’honorable secrétaire [de l’antenne de Muktagachha] de la Ligue Awami vient au poste de police pour porter plainte, cela signifie qu’il y a une détérioration de l’ordre public », a déclaré à Amnesty International Biplob Kumar Bishwas, officier responsable du poste de police de Muktagachha, dans le district de Mymensingh.

L’explication officielle de la police contredit l’Article 19 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, qui prévoit clairement que « [n]ul ne peut être inquiété pour ses opinions ».

« Il [Emdadul Haque Milon] a insulté une personne. Il n’a pas le droit d’insulter une personne. Il a publié une image dénaturée de notre honorable secrétaire [Obaidul Quader]. Nous avons porté plainte après avoir consulté les autorités », a déclaré à Amnesty International Billal Hossain Sarker, politicien du parti au pouvoir et plaignant dans l’affaire.

Aux termes du droit international relatif aux droits humains, le simple fait que des formes d’expression soient considérées comme insultantes pour une personnalité publique n’est pas suffisant pour justifier une condamnation pénale. En particulier, le Comité des droits de l’homme des Nations unies a demandé aux États d’envisager la dépénalisation de la diffamation, qui doit être traitée exclusivement au civil.

Le Haut-Commissariat aux droits de l’homme de l’ONU a demandé au Bangladesh de « réviser de toute urgence la Loi sur la sécurité numérique, de veiller à ce qu’elle soit conforme au droit international relatif aux droits humains et à ce qu’elle prévoie des garde-fous contre l’arrestation arbitraire, la détention et toute autre restriction injustifiée des droits des personnes à exercer de manière légitime leur liberté d’expression et d’opinion ».

Emdadul Haque Milon pense que la plainte déposée par le politicien de la Ligue Awami relève d’un abus de pouvoir visant à l’empêcher de soumettre un dossier pour l’obtention d’un contrat avec le gouvernement. Ce contrat a finalement été attribué au gendre du politicien.

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