Écrire Une militante des droits humains a été maltraitée et risque être torturée

Li Yuhan, avocate spécialiste des droits humains, 60 ans, a été officiellement arrêtée pour avoir « cherché à provoquer des conflits et troublé l’ordre public ». Elle a été maltraitée en détention et risque d’être à nouveau soumise à des mauvais traitements, y compris à des actes de torture.
Le 15 novembre, la famille de Li Yuhan s’est vu demander de venir retirer un avis d’arrestation auprès de l’antenne de Heping du bureau de la Sécurité publique de la ville de Shenyang. Le 16 novembre, ses proches sont allés chercher l’avis d’arrestation, qui indiquait que Li Yuhan avait été officiellement arrêtée pour avoir « cherché à provoquer des conflits et troublé l’ordre public ». Si elle est déclarée coupable, elle encourt jusqu’à cinq ans d’emprisonnement. Elle se trouve actuellement dans le Centre de détention n°1 de la ville de Shenyang.
Après avoir été détenue au secret pendant plus d’un mois, Li Yuhan a enfin pu voir son avocat, Lin Qilei, le 10 novembre. D’après cet avocat, Li Yuhan lui a confié que dans l’après-midi du 9 octobre, un agent de l’antenne de Heping du bureau de la Sécurité publique de la ville de Shenyang l’avait emmenée depuis chez elle jusqu’à un arrêt de bus situé à proximité de cette antenne, où cinq ou six individus non identifiés s’étaient emparés de son sac à dos, lui avaient menotté les bras derrière le dos et l’avaient fait monter de force dans un véhicule.
Elle aurait ensuite été emmenée au poste de police de Beishi (district de Heping, ville de Shenyang), où elle est restée menottée. Lorsqu’elle a demandé à utiliser les toilettes, un policier a exigé que ce soit en sa présence. Quand elle a refusé de révéler le mot de passe de son téléphone mobile, le policier l’a traînée brutalement à travers trois pièces, lui faisant faire des allers-retours pendant une vingtaine de minutes. L’agent qui l’a ainsi agressée lui a dit : « [On pourrait] te tourmenter en te faisant faire quelques tours de plus. Même si tu mourais, on pourrait le justifier par ton âge avancé. » Li Yuhan a été emmenée à l’hôpital pour un examen médical vers 23 heures, puis transférée dans le Centre de détention n° 1 de la ville de Shenyang. Elle a dit à son avocat qu’elle tremblait de tout son corps et qu’elle avait des bleus aux poignets lorsqu’elle est entrée dans le centre de détention.

Li Yuhan a commencé à exercer en 1991 et a travaillé sur plusieurs affaires liées aux droits humains. Elle est l’un des deux avocats qui ont représenté Wang Yu, une avocate de Pékin spécialisée dans les droits humains, qui a été la première de quelque 250 avocats et militants placés en détention ou interrogés pendant la répression massive qui a débuté en juillet 2015.
Pendant que Wang Yu était détenue, Li Yuhan s’est rendue à maintes reprises à Tianjin, dans le nord-est de la Chine, pour tenter de la voir. Cependant, les agents de la Sécurité publique ont toujours rejeté les demandes de Li Yuhan, affirmant qu’ils ne pouvaient pas lui permettre de rencontrer Wang Yu car celle-ci était accusée d’« atteintes à la sûreté de l’État ». Wang Yu a été détenue pendant environ un an avant d’être libérée sous caution en juin 2016.
Fin juin 2017, un an après sa libération, Li Yuhan et son confrère ont rendu visite à Wang Yu en Mongolie intérieure, où elle et sa famille ont été placées sous stricte surveillance policière. Beaucoup d’amis de Li Yuhan ainsi que d’autres avocats spécialistes des droits humains pensent que sa détention pourrait être liée au fait qu’elle est l’avocate de Wang Yu et qu’elle a travaillé sur d’autres affaires liées aux droits humains.
D’après l’ONG Chinese Human Rights Defenders (CHRD), Li Yuhan a été agressée par des policiers à Pékin en mai 2015, après avoir fait état du comportement illégal de fonctionnaires locaux qui, selon elle, avaient entravé la justice lors d’une procédure civile. À l’époque, pendant sa détention à Pékin, un policier lui a cogné la tête contre des toilettes et elle est restée inconsciente pendant plusieurs heures. Après sa libération, on a diagnostiqué à Li Yuhan une commotion cérébrale ainsi que des blessures au dos, à la tête, aux membres et au ventre. Elle a continué à souffrir de migraines incessantes, de vertiges, de nausées, de troubles de la vision et d’arythmie cardiaque, et a dû suspendre son activité professionnelle pendant quelques temps.
Les militants et les défenseurs des droits humains continuent à être systématiquement soumis à une surveillance, à des manœuvres de harcèlement et d’intimidation, à des placements en détention et à des arrestations. De plus en plus de défenseurs des droits humains sont retenus par la police dans des lieux de détention non officiels, parfois sans pouvoir consulter un avocat pendant de longues périodes, ce qui les expose au risque de subir des actes de torture et d’autres formes de mauvais traitements.
Nom : Li Yuhan
Femme

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